Le départ du PDG de Thales, Luc Vigneron, évoqué à l'Élysée

cite>Thales ne cesse d'agacer au plus haut niveau. Ce n'est pas nouveau mais un cran a semble-t-il été franchi, lundi 31 janvier dans la soirée, date à laquelle s'est tenu à l'Élysée autour du chef de l'État, Nicolas Sarkozy, un conseil sur la politique de défense. Parmi tous les dossiers, celui-ci s'est penché sur celui de l'avenir de Thales, notamment ceux touchant à sa stratégie et au management.Selon des sources concordantes, le départ du PDG de Thales Luc Vigneron aurait été évoqué. Pour autant, cette réunion n'a pas été conclusive même si « Luc Vigneron a été lâché par l'État », explique-t-on à « La Tribune ». « Ce qui est le plus difficile, précisait il y a peu de temps une source proche du dossier, ce n'est pas de faire partir Luc Vigneron, mais d'avouer pour l'État qu'il s'est trompé. » C'est semble-t-il fait. Ce n'est pas non plus une surprise car depuis plusieurs semaines, ce dossier revenait périodiquement parmi les principales préoccupations industrielles de l'État. Interrogé par « La Tribune », l'Élysée n'a pas souhaité faire de commentaires.Un courrier intitulé « Thales : un avenir compromis » était d'ailleurs parvenu en décembre à l'Élysée. Depuis, il a été envoyé un peu partout au plus au niveau de l'État (Matignon, Défense), ainsi que chez Dassault, selon des sources concordantes. Selon ce courrier, que « La Tribune » s'est procuré, Thales est « très affaibli chez ses clients » aussi bien en France (la direction générale de l'armement) qu'à étranger, où la suppression « brutale » des « External service provider » (en clair, la rémunération des agents, Ndlr) « met le groupe en danger » avec des engagements « non honorés » et des marchés définitivement « inaccessibles ». Avec des conséquences à terme sur l'emploi en France... en période électorale. En outre, le groupe, selon ce courrier, est « fragilisé en interne » par la nouvelle organisation « pensée de manière solitaire » par Luc Vigneron.Reste encore pour l'Élysée à convaincre Dassault Aviation, l'actionnaire industriel de référence. Le chef de l'État en particulier tient à en discuter avec le PDG Dassault Aviation, Charles Edelstenne, et Serge Dassault, pour les convaincre de la pertinence de cette décision. Or ils ont, contre vents et marées souvent, défendu Luc Vigneron. Et Charles Edelstenne est pour la première fois monté au créneau. Il a critiqué vertement mercredi dernier à l'Assemblée nationale l'ancienne direction de Thales, selon des sources concordantes. Lors du mandat de Denis Ranque, Thales a pris, selon le PDG de Dassault Aviation, des « contrats avec des pertes astronomiques » avec des décisions prises « dans un esprit ?fire and forget? (« tire et oublie », à l'image de certains missiles, Ndlr) ». Il a notamment fait mention du contrat A400M sur lequel Thales avait gagné la fourniture du « Flight management system » (FMS), le système de gestion des vols de l'avion de transport militaire. Pour le contrat Meltem, programme d'avions de patrouille maritime turc, Thales a « voulu devenir vizir à la place du vizir », a-t-il asséné.Fuites dans la pressePour autant, les maladresses de Luc Vigneron agacent prodigieusement Charles Edelstenne - notamment les fuites dans la presse -, d'autant plus que celui-ci l'a toujours défendu bec et ongles, raconte-t-on à « La Tribune ». Le vent a-t-il tourné ? À confirmer. À quelle échéance ce départ pourrait-il intervenir ? On évoque aujourd'hui l'assemblée générale du groupe d'électronique, qui se tiendra en mai.Sur la stratégie de Thales, le conseil de l'Élysée a pris des orientations quelque peu divergentes de celles annoncées début décembre à ses troupes par Luc Vigneron. Selon les souhaits du ministère de la Défense, le groupe d'électronique sera bien le pivot de la consolidation de défense en France avec dans son orbite Nexter, mais aussi DCNS. Pourtant, le patron de Thales ne souhaite pas que son groupe exerce l'option qui lui permettrait de se renforcer dans le capital du groupe naval. Le groupe électronique a la possibilité de passer de 25 % à 35 % pour un prix déjà négocié et très avantageux (environ 260 millions d'euros).
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