La parité, un beau pari pour les entreprises

Maintenant ou jamais », le nom donné au mouvement créé récemment en Italie pour protester contre l'image que donne Silvio Berlusconi des femmes, s'applique - toutes proportions gardées - à la réforme en France de la parité dans les conseils d'administration. C'est bien maintenant qu'il faut assurer la représentation des femmes aux niveaux de responsabilité dans l'entreprise. C'est maintenant ou jamais, car il serait illusoire de compter sur l'évolution des mentalités pour briser le plafond de verre qui, dans les démocraties les plus affirmées, tient encore les femmes à l'écart des postes de décision.La loi du 27 janvier 2011 sur « la représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d'administration et de surveillance » est ainsi le résultat d'un constat, à savoir que l'égalité en droit - les femmes sont éligibles en politique depuis près de soixante-dix ans et l'égalité professionnelle a un fondement législatif depuis trente ans - n'a pas suffi à faire partager le pouvoir, demeuré très masculin, dans l'entreprise. Le moment était venu de passer à l'acte en adoptant des mesures contraignantes. Le Medef, avec à sa tête une femme, et l'Afep, ont proposé d'inscrire dans leur code de gouvernance la parité dans les conseils d'administration. Mais l'autorégulation n'est pas notre fort. L'éthique, sans l'obligation de la loi, a peu d'impact en France.La France, en retard par rapport à nombre de ses partenaires européens avec ses 10 % de femmes dans les conseils d'administration et même pas une seule femme à la tête d'une entreprise du CAC 40, s'est résolument inscrite dans le mouvement lancé par la Norvège en 2006. Si les États nordiques sont en avance sur les autres en matière de parité - y compris dans les entreprises -, en revanche ne croyons pas que la loi norvégienne de 2006 ait été adoptée facilement. Au contraire, elle a donné lieu à de violentes résistances de la part des milieux économiques dirigeants, au motif notamment qu'il n'y aurait pas assez de femmes compétentes à nommer pour atteindre le quota de 40 % dans les conseils d'administration ! L'argument a été aussi servi en France, et pas seulement par des hommes d'ailleurs. Mais en sourdine, car l'ardeur de Marie-Jo Zimmermann, députée, à promouvoir la réforme a enfin été prise au sérieux et la loi a été votée de façon consensuelle, sinon « dans la joie et la bonne humeur ». Comment en effet soutenir que les femmes ne seraient pas capables d'exercer des responsabilités de décision dans l'entreprise, quand 60 % des diplômés de l'enseignement supérieur sont des femmes ? Les pères de ces brillantes diplômées ne considéreraient d'ailleurs pas comme illégitime leur accession aux plus hautes responsabilités ! Sans aller jusqu'à paraphraser le poète pour qui « la femme est l'avenir de l'homme », il est évident que la condition de la femme donne la mesure de l'évolution d'une civilisation. Mais la parité n'est pas que cela. C'est aussi une formidable opportunité pour accroître les performances de l'entreprise. La diversité des points de vue, le fait que les femmes « plus nouvelles » dans les cercles de pouvoir sont attentives à des responsabilités qu'elles s'attachent à exercer avec méticulosité (je suis membre de deux conseils d'administration et je puis témoigner de ce que les femmes n'y hésitent pas à soulever toute question quand il le faut) sont un enrichissement pour la gestion. La France a donc fait avec la parité une vraie avancée économique et culturelle. De sorte que, quand Viviane Reding, commissaire européen, proposera, ainsi qu'elle l'annonce, une directive sur la parité dans l'entreprise, la France n'aura pas à prendre le train en marche et pour une fois elle pourrait revendiquer un rôle de pionnier !
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