Moody's met l'Union européenne sous pression

Les dirigeants européens réunis ce vendredi pour discuter d'une réponse à la crise qui secoue la zone euro devront une fois de plus composer avec la pression des marchés. Après la mise sous perspective « négative » vendredi dernier de la notation AA+ de l'Espagne par Fitch, qui s'inquiète du coût budgétaire final de la restructuration de ses caisses d'épargne, l'agence de notation Moody's a à son tour donné du grain à moudre aux intervenants des marchés obligataires en abaissant ce lundi de trois crans la notation de la Grèce à B1, c'est-à-dire dans la catégorie des dettes « hautement spéculatives ». Motivée par les « risques importants » liés à la mise en oeuvre des « mesures de consolidation budgétaire et les réformes structurelles nécessaires à la stabilisation des comptes du pays », cette dégradation n'est en soi pas une surprise. Mais elle a attisé les inquiétudes sur le fardeau des dettes publiques « périphériques » d'intervenants distraits ces dernières semaines par les évènements dans les pays arabes.Évoluant en sens inverse des prix, le taux à 2 ans de la Grèce a bondi dans le sillage de l'annonce de Moody's jusqu'à 16,03 % et progressait en fin de journée de 47 points de base à 15,98 %, son plus haut niveau depuis le 7 mai 2010. Le taux à 10 ans irlandais progressait de son côté de 6 points de base, à 9,44 %, après avoir atteint en séance un niveau record depuis au moins 1997 de 9,52 %. Également dans la tourmente, le Portugal voyait son taux à 10 ans grimper de 10 points de base et frôler les 7,60 %, non loin du record de 13 ans établi le 10 février. Restaurer la compétitivitéCes tensions interviennent alors que la Grèce viendra se refinancer ce mardi en émettant des titres de dette à 6 mois, tandis que le Portugal testera les marchés en adjugeant 1 milliard d'euros de titres de maturité 2 ans. Les chefs d'État et de gouvernement de la zone euro se réuniront le 11 mars, puis les 24 et 25 mars prochains, pour définir d'ici à la fin du mois une solution « globale » à la crise de la zone euro, a promis la Chancelière allemande Angela Merkel. Mais les voix des Européens restent pour l'instant discordantes.Sauvés l'an dernier des griffes de la spéculation qui les empêchait de se refinancer, la Grèce et l'Irlande demandent depuis une baisse des taux d'intérêts et un allongement de la maturité des prêts qui leur ont été concédés par l'Union européenne et le FMI. Outre ces aménagements, l'augmentation des capacités opérationnelles du Fonds de stabilité européen de 440 milliards d'euros, dont la possibilité d'acheter de la dette directement sur les marchés financiers pour contrer la spéculation, est également évoquée. Mais Berlin affiche une opposition constante à ces pistes et plaide avant tout pour l'élaboration d'un mécanisme permettant à un pays de faire défaut, associé à des mesures visant à restaurer la compétitivité et les finances publiques des pays en difficulté budgétaire.
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