Solvabilité II forcerait les assureurs non-vie à lever 20 milliards de capital

L'impact de Solvabilité II n'en finit pas d'inquiéter les assureurs. Adoptée en avril dernier, la directive sur les nouvelles exigences de fonds propres du secteur attend d'ici la fin de l'année ses mesures d'application, avant d'entrer en vigueur le 31 octobre 2012. Mais dans son avis final, publié fin janvier, le Ceiops (comité des régulateurs européens de l'assurance), soucieux de tirer les leçons de la crise, a durci les paramètres de la formule qui fixe les besoins en capitaux des sociétés. durcissement des pondérationsAinsi, en l'état actuel de Solvabilité II, les assureurs non-vie français ne couvriraient leur marge de solvabilité qu'à 58 % en moyenne, en se référant aux bilans à fin 2008, selon une étude du cabinet d'actuaires Milliman dont « La Tribune » s'est procuré une copie. La dégradation est massive, puisque le taux de couverture moyen ressortait à 205 % sur la base des paramètres publiés en 2008. Les fonds propres réglementaires du secteur seraient en effet réduits à 25 milliards d'euros, contre 42 milliards sous Solvabilité I, alors que le besoin en capital atteindrait entre 45 à 50 milliards sous l'effet du durcissement des pondérations appliquées aux risques de souscription et de marché. La situation serait toutefois moins sévère à fin 2009, selon Milliman, qui a prolongé l'analyse sur la base d'une projection du bilan du secteur, puisque la couverture remonterait à 66 %. Mais les assureurs dommages de l'Hexagone seraient encore obligés d'augmenter leur capital réglementaire d'environ 20 milliards. Sauf bien sûr à réduire de façon drastique la taille de leur bilan, donc leur capacité à soulager les acteurs économiques des risques liés à leurs activités.Ce montant viendrait s'ajouter aux 20 à 30 milliards d'impact estimés par Milliman pour les assureurs-vie (« La Tribune » du 15 février), soit un appel total aux marchés d'environ 50 milliards, rien que pour les sociétés françaises. Pour mémoire, l'association des assureurs britanniques (ABI) a estimé en septembre dernier que le coût en fonds propres de Solvabilité II - dans une version très proche de l'avis final du Ceiops - obligerait ses membres, assureurs-vie et non- vie, à lever jusqu'à 70 milliards de livres de capitaux supplémentaires, soit près de 80 milliards d'euros. « La dégradation du taux de couverture moyen mise en évidence par notre étude s'explique largement par la proposition du Ceiops de déduire des fonds propres la totalité des participations financières, dont les assureurs dommages détiennent 25 milliards d'euros, déclare Éric Serant, associé du cabinet Milliman. En supprimant cette disposition, le taux de couverture remonte à 106 % à fin 2008, et à 120 % fin 2009. » La réintégration des participations dans les fonds propres suffirait donc à tirer d'affaire la majeure partie du secteur. Benjamin Jullie
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.