La gouvernance européenne passera à Lisbonne son premier test

Depuis qu'on parle en Europe de renforcer la « gouvernance économique », les spéculations vont bon train sur son « appropriation politique ». Comment les opinions publiques nationales pourront-elles adhérer à des décisions économiques prises à dix-sept voire vingt-sept ? Pour la première fois, grâce au Portugal, les Européens vont s'offrir un test grandeur nature d'un programme économique national négocié à l'échelle du continent.Lisbonne déclarait, jeudi, vouloir soumettre dans la journée une demande formelle d'aide à Bruxelles, suite logique aux déclarations télévisées de la veille, à la fois du Premier ministre socialiste démissionnaire José Socratès et de son concurrent Pedro Passos Coelho, qui dirige le Parti social-démocrate (PSD) de centre-droit. Dès lors, comme on peut s'y attendre, les ministres des Finances européens, réunis depuis jeudi à Budapest, donneront leur feu vert à la négociation du programme d'ajustement portugais. Un vrai test.Négociation complexeCar, compte tenu de la vacance du pouvoir provoquée par l'organisation d'élections anticipées, les experts de la Commission européenne, de la Banque centrale et du Fonds monétaire international (FMI), qui devraient se rendre à Lisbonne dès la semaine prochaine, vont devoir négocier avec tous les partis politiques sans le filet institutionnel d'un parlement et d'un gouvernement légitimement investis par les électeurs.Une négociation qui s'annonce complexe pour convaincre l'ensemble des partis politiques représentés au parlement mais aussi sous la pression d'une opinion qui subit les mesures d'austérité. Une telle situation fournit un terrain idéal aux populistes pour faire monter la température, alors que la chute du gouvernement Socratès est la conséquence de l'accentuation de la politique de rigueur. L'attitude du président de la Commission, José Manuel Barroso, par ailleurs ancien Premier ministre PSD portugais, compte parmi les inconnues de l'équation à résoudre. Mercredi soir, celui-ci a toutefois pris soin de publier un communiqué en son nom propre assurant son pays de la « solidarité » européenne et soulignant qu'il serait répondu à sa demande « dans les délais les plus brefs, compte tenu des procédures ».La marge de manoeuvre des autorités européennes et du FMI pour mettre au point le plan de sauvetage et effectuer les premiers versements est assez étroite. Le montant évoqué pour le plan s'élève de 75 à 80 milliards d'euros. Une fois l'accord scellé sur le programme d'ajustement, il faudra ensuite décider de l'allocation entre les fonds communautaires (EFSM) et les moyens mis en place par les pays de la zone euro (EFSF). L'enveloppe théorique est largement suffisante. Mais il faudra encore lever les fonds sur les marchés. « On ne dispose pas d'un compte en banque », sur lequel tirer immédiatement, rappelait jeudi le porte-parole du commissaire européen, Olli Rehn. Le moment n'est pas idéal, l'autorité bancaire européenne étant sensée publier les résultats des tests de résistances passés par les banques européennes mi-juin, lesquels feront apparaître des besoins de financement s'élevant à plusieurs milliards d'euros.
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