Confidences et réflexions de l'animateur de « Good Morning Business », la tranche matinale de BFM Radio.

STRONG>Déja vu« Négligeable », l'adjectif de la semaine. L'exposition des banques aux troubles grecs est « négligeable ». J'admets que c'est cruel, mais j'ai été regarder ce que les banquiers disaient des subprimes durant l'été 2007: Daniel Bouton, par exemple, qui nous dit le 2 août 2007 qu'il s'agit d'un « épiphénomène estival », «moins de 1 % des revenus de la banque d'investissement proviennent des activités de titrisation et des CDO aux Etats-Unis » (ce qui me fascine, c'est qu'à l'époque c'était du chinois, maintenant même ma mère comprend ce que ça veut dire). Il admettait qu'une « bulle de crédit extrêmement importante venait d'exploser», mais il ne voyait pas « de grands acteurs financiers être impliqués à des niveaux importants ». Le scénario peut-il se répéter ? « Ça dépend de nous, me dit un des banquiers de la place, ça dépend de la capacité qu'auront les banques à maintenir en vie le système si la situation devait se dégrader. On ne pourra plus se cacher derrière personne. » Je repense à cette phrase de Richard Descoing, le patron de sciences po : « Le système ne s'est pas paralysé parce que les Bourses ont perdu 10 %, ou parce qu'on a fermé une banque d'affaires, il s'est paralysé parce que les 100 plus importants directeurs financiers de la planète ont cessé de se faire confiance », de la psychologie, des sciences humaines, pas de la finance. La façon dont Jean-Claude Trichet a refusé de céder à la pression jeudi dernier me semble à cet égard exemplaire ; car, enfin, de quoi avions-nous vraiment besoin ce jour-là ? De quelques dixièmes de point de hausse sur le CAC... ou de constater qu'une institution, au moins une, gardait son calme ?0,35Vendredi matin, je rappelle le gérant qui me parlait le mois dernier du « Dunlopillo asset management » comme le grand vainqueur des prochaines semaines. Le monétaire à 0,35 %, « le pire, dit-il, c'est que je n'ai même pas écouté mon propre conseil et que là, franchement, je suis rincé ! » « Sell off »Quand Jérome Kerviel aura-t-il le courage de répondre à autre chose qu'à des interviews de complaisance ? Vous avez vu le « road show » ? Pas dans « La Tribune », pas dans « Les Echos », pas dans « Le Figaro », pas sur Radio Classique, pas sur BFM, bref, éviter tous ceux qui savent ce que représente une position de 50 milliards d'euros. Une menace tectonique injustifiable mise en place dans l'inconscience la plus totale.Un symboleUn pur bijou : « Je me borne, sire, à vous rappeler ces trois paroles : point de banqueroute, point d'augmentation d'impôts, point d'emprunts. Car tout emprunt diminuant le revenu libre nécessite au bout de quelque temps ou la banqueroute ou l'augmentation des impôts. Il importe donc de réduire la dépense au-dessous de la recette, et assez pour pouvoir économiser pour rembourser les dettes anciennes. » C'est la lettre que Turgot laisse au roi en guise de plan de redressement en 1774. Elle est connue (Michel Charasse en avait même fait des cartes de voeux). Ce qui l'est moins, c'est qu'une main anonyme (le roi, un conseiller, un ministre ? Personne ne le sait) l'a biffée du mot « Inutile », en haut, à gauche. On aurait pu mettre aussi « négligeable » ? Ce qui se sait encore moins, c'est que la lettre a été préemptée cette semaine par les archives nationales de France pour un montant de 64.440 euros. Information qui me laisse songeur, d'ailleurs: je ne suis pas sûr que Turgot aurait apprécié que l'on dépensât tant d'argent, pour se voir rappeler des évidences.
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