Au Brésil, Telefonica perturbe les plans de Vivendi

Vivendi et Telefonica ne danseront certainement pas la samba ensemble. Tous deux à la recherche de nouveaux marchés dynamiques, les géants s'écharpent au pays de Lula. L'opérateur télécoms espagnol a répliqué hier au projet de rachat amical de GVT, un opérateur de téléphonie fixe brésilien, par Vivendi, actionnaire majoritaire de SFR. Telefonica a agi via Telesp, sa filiale brésilienne. Cette dernière a fait hier une offre ? ferme et en cash ?, de 48 reals par action, soit 6 reals de plus que Vivendi. Ce qui valorise désormais GVT à 2,55 milliards d'euros, à comparer aux 2 milliards d'euros avancés début septembre par le groupe français. « Mais notre projet d'offre est amical. La semaine dernière, les discussions se déroulaient plutôt bien, nous étions en avance sur le calendrier », souffle-t-on chez Vivendi. Les actionnaires de contrôle de GVT ? les néerlandais Swarth et Global Village Telecom ?, ont en effet promis de céder 20 % des parts du groupe au français. « Notre offre est suffisamment attrayante pour que ces actionnaires majoritaires y souscrivent », rétorque Telefonica, qui refuse cependant de dire si des pourparlers ont lieu dès à présent. Selon la législation brésilienne, les éventuels concurrents ont quarante-cinq jours pour surenchérir d'au moins 5 %. Une inconnue subsiste : des dispositifs anti-OPA sont inscrits dans les statuts de GVT. Ils n'auraient pas encore été levés, selon une source française.mouvement logiqueDe l'autre côté des Pyrénées, la contre-attaque semble une évidence. « C'est un mouvement logique de la part de Telefonica, vu l'importance du Brésil pour l'espagnol. Des synergies existent et cela fait sens pour lui de combiner le fixe et le mobile », estiment les analystes d'Exane. Historiquement très présent en Amérique du Sud, Telefonica possède 27,5 % des lignes fixes au Brésil. Outre Telesp, l'espagnol contrôle l'opérateur mobile Vivo avec Portugal Telecom (PT). Par le passé, Telefonica a tenté de prendre le contrôle de Vivo et de la filiale locale de Telecom Italia, TIM Brazil. Sans succès. GVT, qui connaît une croissance à deux chiffres depuis trois ans, a réalisé des recettes de 800 millions de dollars en 2008, pour une marge opérationnelle ajustée de 300 millions. Il détient 2,5 % du marché des communications fixes. Selon Telefonica, une fusion entre GVT et Telesp ne poserait pas de problème de droit de la concurrence, les deux entités étant complémentaires d'un point de vue géographique.Vivendi, propriétaire à 56 % de SFR, se risquera-t-il à la surenchère ? Pas certain, quand l'on connaît la volonté de Vivendi de conserver sa notation BBB et sa politique de dividende. Début septembre, Jean-Bernard Levy, président du directoire du groupe français, avait expliqué à « La Tribune » « vouloir payer les actifs à leur juste prix ». C'est pour cette raison, selon lui, que Vivendi avait renoncé à racheter les actifs africains de Zain, « le prix n'étant pas convenable ». Et cette fois-ci ?
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