Contre la crise, l'innovation pour et par les jeunes

oint de vue Yvon GATTAZ Membre de l'Institut, président de l'Association Jeunesse et EntreprisesLa crise financière et économique qui s'est abattue sur le monde est exceptionnellement forte. On croit percevoir ici ou là des indices de prochaine reprise qui nous réjouissent. Il est probable que cette reprise se fera, plutôt qu'en U ou en W, en racine carrée, c'est-à-dire qu'après la descente verticale de la courbe, une minireprise technique de restockage s'imposera sans être toutefois la vraie reprise de la confiance ou plutôt de toutes les confiances retrouvées. Cette remontée risque donc de s'arrêter et de plafonner pour imiter le signe mathématique de la racine carrée, et se prolonger horizontalement jusqu'à la vraie reprise.Mais on oublie un peu, dans cette crise, sa principale et dramatique conséquence : le chômage, et particulièrement le chômage des jeunes, le plus inquiétant, car il est démoralisant de débuter sa carrière professionnelle en hantant les couloirs du Pôle emploi. Les déficits financiers d'un pays sont graves, certes, mais le chômage des jeunes l'est aussi. Et nous devons nous mobiliser pour atténuer les conséquences de ce sous-emploi.Il est évident que les chefs d'entreprise ne peuvent, par civisme ou par générosité, conserver tous leurs effectifs quand leur chiffre d'affaires s'effondre de façon inquiétante. Il est de leur devoir de sauver l'entreprise. Mais contrairement à une idée reçue, la hiérarchie des mesures d'économies, que prennent toutes les entreprises, débute par la suppression des dons, des cotisations, la réduction des frais généraux, des coûts d'achat, et se termine toujours par la réduction des investissements, grave pour l'avenir, et en toute dernière position seulement, par la réduction des effectifs.Ce classement est rassurant, mais il ne permet pas d'épargner totalement le personnel. C'est pourquoi l'Association Jeunesse et Entreprises avait lancé le 16 avril dernier un appel aux chefs d'entreprise pour que, malgré ces impératifs économiques, ils continuent à prendre des jeunes en apprentissage et en contrat de professionnalisation, comme des investissements dont ils recueilleraient les fruits lors de la reprise, avec du personnel qualifié.En même temps, le gouvernement a pris des mesures d'allégements significatifs du coût de ces formations pour l'entreprise, et l'enquête que nous venons de réaliser auprès des entreprises elles-mêmes montre que notre appel en faveur de l'alternance a été apprécié à 100 %, les mesures gouvernementales à 94 %, l'augmentation du nombre d'apprentis à 46 %, le nombre de contrats de professionnalisation à 32 % et que 78 % des entreprises souhaitent poursuivre leurs efforts dans ce sens.Ces résultats, en période de crise, sont encourageants. Ils démontrent aussi que les entreprises veulent former les jeunes et leur fournir ultérieurement un travail, en évitant un assistanat de résignation, d'après notre formule : « Tout salaire mérite travail. »On le sait aujourd'hui, la crise de l'emploi sera plus longue que la crise économique, et dans les mois qui viennent, de nombreux plans de réduction d'effectifs, généralement sans licenciements secs par bonheur, vont se poursuivre. De façon étonnante pour le public, nous nous trouverons bientôt dans une situation ambiguë de remontée de l'activité en même temps que de baisse de l'emploi, période qui sera transitoire car les entreprises devront réembaucher avec l'arrivée de nouvelles commandes. Et c'est là qu'elles auront besoin de jeunes et de jeunes innovants qui leur apporteront des idées nouvelles, sources de performances.En effet, l'innovation se fait surtout par les jeunes et aussi pour les jeunes.1 - Par les jeunes car leur dotation naturelle de non-conformisme, qui peut parfois choquer les usages, est un atout d'innovation pour l'entreprise. Innovation qui peut prendre des formes innombrables, la plus connue étant l'innovation technologique. Mais il ne faut pas oublier les innovations de process, d'organisation, de méthodes commerciales, de relations humaines, et même d'entrepreneuriat. En effet, si l'acte d'innovation est bien une étincelle qui jaillit d'un seul cerveau, cette explosion subite résulte souvent d'une maturation effectuée dans un environnement favorable à l'innovation. C'est un homme, et surtout un jeune, qui trouve, mais c'est une équipe qui a préparé et permis cette découverte. Cette innovation qui, depuis longtemps, partait du haut pour descendre vers l'exécutant, change aujourd'hui de direction et peut très bien partir du bas, éclater et éclabousser les structures.2 - Pour les jeunes également, car ils seront les bénéficiaires de ces attitudes innovantes qui utiliseront mieux et plus vite leurs qualités que les anciennes structures rigides qu'on a longtemps crues indispensables à la productivité. Si l'innovation, comme la grippe, est contagieuse pour les jeunes, qu'elle le soit, et même aidons-la.Innovation, le mot est à la fois simple et grandiose, et il est heureux que trois ministres se retrouvent à la Cité des sciences devant 1.200 personnes dont 600 jeunes qui retireront sans doute, de ce rassemblement, la promesse des adultes et des autorités de soutenir leur force d'innovation dans leur prochaine vie professionnelle.
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