Comment bénéficier de la sortie de crise  ?

Alors que s'ouvre demain à Paris le Forum de l'investissement, au Palais des Congrès de la Porte Maillot, une véritable stratégie de crise s'impose pour votre patrimoine. Aujourd'hui, après deux années d'hémorragie, il ne s'agit plus de le protéger. Mais de rebondir en le faisant fructifier. Et de profiter d'une fiscalité avantageuse, qui ne va pas durer !Le monde de la Bourse et des investissements est pourtant devenu plus incertain. L'appétit pour le risque est certes revenu. Le système financier s'est stabilisé : les banques prêtent aux entreprises et aux ménages, quand on craignait il y a un an une faillite du système à l'image de 1929? Mais l'embellie sur les marchés actions ? le CAC a repris plus de 50 % depuis le 9 mars pour afficher de nouveaux plus-hauts annuels ? pourrait faire long feu. Car, avec des taux d'intérêt proche de zéro et des plans de relance qui commencent à produire leurs effets, les marchés anticipent une reprise démarrant sur les chapeaux de roue. Toute la question reste de savoir si la hausse est durable et vers quelle sortie de crise nous nous dirigeons.À un moment où les placements sécuritaires de trésorerie ne rapportent pratiquement plus rien, il n'existe hélas pas de solution de repli facile et évidente ? mis à part le très sécuritaire fonds en euros de votre contrat d'assurance-vie. Il va donc falloir faire des choix? et prendre un peu de risque !À la différence des précédentes crises, les Français n'ont pas accru leur effort d'épargne. Ils conservent d'importantes liquidités sur leurs comptes à vue : environ 11 milliards d'euros. Ils ont vidé leur livret A, avec une décollecte qui s'est accélérée au printemps à cause de la baisse de son taux à 1,25 %, pour mettre toujours plus d'argent sur l'assurance-vie. Pourtant, les versements sur les unités de compte (permettant de miser sur la Bourse) n'ont pas suivi le mouvement quand les marchés ont rebondi. Au contraire, les versements sur les fonds en euros (les fonds sécuritaires qui verseront pour la plupart moins de 4 % cette année) continuent d'affluer. Les Français préfèrent privilégier la liquidité dans un environnement incertain, en partie afin de faire face au risque du chômage. Cette préférence pour le présent a au moins un avantage : il soutient la consommation? Mais, si vous raisonnez plus globalement, ce n'est pas satisfaisant : il faut arbitrer vos différents placements, être souple et mobile, pour tirer le meilleur de votre patrimoine. Ce supplément va vous y aider. Franck Pauly Faut-il investir en Bourse aujourd'hui ? Cette crise a été un traumatisme pour bien des investisseurs : beaucoup restent paralysés après de lourdes pertes et hésitent à revenir sur les marchés actions, surtout après un beau rebond.« 2008 et 2009 ont été deux années de recul significatif de la valeur du patrimoine des ménages (respectivement ? 3 % et ? 2 %), du jamais-vu depuis la Seconde Guerre mondiale », souligne une récente étude du Bureau d'information et de prévisions économiques (BIPE). « Lors de la crise immobilière internationale du début des années 1990, le patrimoine global des ménages avait encore crû, en France, à des taux compris entre 2 % ou 3 % l'an. Entre 2011 et 2014, la croissance du patrimoine des ménages devrait reprendre, mais à un rythme bien inférieur à celui qui était observé avant la crise », poursuit le BIPE. L'enseignement qu'en ont tiré les épargnants ? Pour André Babeau, conseiller scientifique au BIPE, ils vont se concentrer sur « la recherche de davantage de sécurité et de transparence pour tout ce qui touche aux placements financiers ».« nouveaux sommets »Or l'euphorie boursière actuelle ne donne pas vraiment un sentiment de sécurité. Une pause serait donc bienvenue dans le mouvement de hausse, pour laisser le marché souffler et permettre à un plus grand nombre d'investisseurs de revenir vers la Bourse. « En dépit du fait que le rally a été remarquable depuis les planchers du mois de mars, rien n'est certain pour le moment. Les récentes performances pourraient nécessiter une période de consolidation, ou pourraient prendre la tangente, avant de connaître de nouveaux sommets », estime Frédéric Buzaré, responsable de la gestion chez Dexia AM.Mais si la fragilité du rebond inquiète certains, c'est la progression des bénéfices attendue, après des résultats semestriels souvent meilleurs que prévu, qui redonne du baume au c?ur des plus optimistes. Si l'on couple ces anticipations avec des liquidités toujours abondantes en quête de placements, « on peut encore espérer des gains en Bourse de 15 % à 20 % sur les mois qui viennent », assure Nigel Bolton, responsable de la gestion actions européennes chez BlackRock. Les risques ? « Une rechute de l'économie, lorsque les banques centrales arrêteront de stimuler l'économie avec des politiques accommodantes », poursuit-il (lire pages 4, 5, 6, 7, 8 et 9). Pour vous aider à faire votre choix, nous passons en revue (page 6) les performances de l'ensemble des fonds disponibles en France. Avec une attention particulière pour les fonds d'obligations convertibles, un placement idéal dans les situations incertaines (page 7).Sûrs, liquides, avec une fiscalité attrayante qui devrait être maintenue? les fonds en euros ont tout pour séduire, surtout dans un environnement instable. Mais, après un petit recul des rendements à 3,9 % en moyenne l'an dernier, ? et des pointes au-dessus de 4 %, voire 4,5 % pour les meilleurs ?, la baisse devrait se poursuivre cette année : aux environs de 3,7 % en moyenne (page 10). Car les taux des fonds d'État, principaux composants des fonds en euros, sont faibles. Et les réserves des assureurs ne sont pas inépuisables?Si vous croyez en la Bourse et décidez de renforcer la part de votre contrat placée en unités de compte, pour vous y retrouver dans le maquis des fonds, nous vous proposons trois portefeuilles type (peu risqué, équilibré et offensif) pour vous aider (page 12). Attention, l'exonération des prélèvements sociaux pour les contrats multisupports devrait bientôt sauter en cas de décès et d'héritage (lire ci-dessous).Même si les coups de « rabot » sur les niches fiscales promis pas Gilles Carrez et Pierre Méhaignerie ont été reportés, les projets continuent de fuser. François Sauvadet, président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée, propose de ramener le plafond global des niches à 20.000 euros, contre 25.000 actuellement, auquel s'ajouterait un certain pourcentage du revenu imposable, inférieur aux actuels 10 %. Et d'autres menaces guettent? La réévaluation des niches ne devrait pas intervenir avant 2011, si l'on en croit le ministre du Budget, Éric Woerth. Mais « une taxation sociale des plus-values mobilières » est envisagée dès 2010 ? alors qu'aujourd'hui les cessions d'actions inférieures à 25.730 euros de votre portefeuille titres sont exonérées d'impôts. Et les prélèvements sociaux (CSG et CRDS, soit un total de 12,1 %) devraient aussi s'appliquer aux contrats multisupports d'assurance-vie en unités de compte en cas de décès et d'héritage. D'ici là, autant profiter de la législation actuelle.erreurs de jeunesseSi vous voulez investir dans les PME avec une forte défiscalisation à la clé, les fonds communs de placement dans l'innovation (FCPI), les fonds d'investissement de proximité (FIP) et les holdings ISF sont les trois principaux produits vous permettant d'accéder à l'investissement non-coté (lire page 13). Attention, ce n'est pas sans risque. La crise a là aussi laissé des séquelles, avec des performances quelquefois très décevantes, aux côtés d'autres tout à fait satisfaisantes (lire page 13). Pour Stephan Chenderoff, membre du directoire de Cyrus Conseil, les investissements dans le non-coté peuvent représenter jusqu'à 5 % ou 10 % de votre portefeuille (page 13). Mais la vigilance s'impose, comme d'ailleurs dans tous les placements défiscalisés. Ne vous ruez donc pas sur les holdings, le support offrant la plus forte défiscalisation : ils font l'objet d'un vif débat, probablement des erreurs de jeunesse d'une industrie naissante en France !L'investissement immobilier locatif fait aussi les frais des égarements de promoteurs peu scrupuleux : cela a été décrit. Mais les programmes de qualité, attentivement sélectionnés, restent une carte majeure si vous voulez alléger votre facture fiscale (page 15). Pour aller plus loin, les avantages du dispositif Scellier peuvent être cumulés avec ceux du statut de loueur en meublé. Locatif social démembré, résidences pour seniors avec services à la carte (page 16), investissement industriel ou immobilier dans les DOM-TOM qui bénéficient d'une nouvelle loi protégeant davantage l'investisseur (page 14)... une large palette de possibilités s'offre à vous.Dernière piste de défiscalisation évoquée dans ce supplément : la pierre-papier, qui continue de démontrer sa capacité de résistance, avec des encours en hausse de 2 % à plus de 17 miliards d'euros au premier semestre. Parmi les différentes sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), celles investies en immobilier d'entreprise font d'ailleurs figure de vrai placement anticrise (page 16). La gestion de votre patrimoine dans un environnement incertain, c'est aussi la gestion de vos biens en famille. Aujourd'hui, la fiscalité n'est plus un frein à la transmission : les droits de donation n'ont cessé de diminuer (page 18). En outre, vos marges de man?uvre pour donner ont été sensiblement élargies : par exemple avec des possibilités de donations graduelles vous permettant de transmettre un bien à une personne tout en prévoyant qu'à son décès il reviendra à une autre (page 17) ; ou intergénérationnelles, vous permettant de « sauter » une génération en donnant davantage à vos petits-enfants (page 18). 2010 sera une année majeure pour votre retraite ! Une nouvelle réforme devrait être mise en place (page 19). Une bonne occasion de demander votre « bilan retraite » et de faire le point sur les solutions existantes.En matière de placements pour votre retraite, tout comme pour n'importe lequel de vos investissements, il n'existe pas de répartition idéale, tout temps, tout profil pour doper votre patrimoine. Tout dépend de votre horizon de placement, du profil de risque que vous êtes prêts à assumer. Bien entendu, des montants dont vous disposez. Enfin, de l'environnement économique et financier au moment où vous prenez votre décision.Un conseil, en revanche, convient à tous les profils : il faut di-ver-si-fier vos avoirs ! Ne pas mettre ses ?ufs dans le même panier, énonce le dicton populaire. F. P.
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