Taxe carbone  : des ONG pointent une injustice

fiscalité verteLe ministre du Développement durable, Jean-Louis Borloo, multiplie les séances d'explication sur la taxe carbone. Il était hier auditionné par la commission des Affaires économiques de l'Assemblée. Cette taxe verte continue en effet d'inquiéter les élus, qui « ont du mal à la vendre auprès de leurs électeurs », avoue un député UMP à « La Tribune ». Car, en dépit des corrections apportées à ce projet, il reste imparfait. Il ne tient en effet pas compte d'un critère essentiel en matière de consommation énergétique : le climat, fait remarquer un membre de l'ONG écologiste France Nature Environnement, pourtant favorable à l'instauration de cette taxe.Selon que l'on est dans le nord, l'est, le centre ou le sud de la France, les conditions climatiques sont en effet différentes. Une évidence corroborée par les chiffres de Météo France. Sur les dix dernières années la température moyenne pendant l'hiver (de décembre à février) à Nice a été proche des 10 degrés (9,79°). À Strasbourg, elle ne fut que de 3 degrés (3,10°), soit une différence de température moyenne de 7 degrés entre la capitale alsacienne et la baie des Anges. Ces différences se constatent dans toutes les régions. Il a fait en moyenne sur les dix dernières années, 2,5° en hiver à Grenoble (Isère), 5,2° à Tours (Indre-et-Loire), 6,4° à Toulouse (Haute-Garonne).distorsionsDe ces différences climatiques découlent des factures de chauffage plus ou moins salées. Selon les calculs de l'Ademe, un couple avec un enfant vivant à Strasbourg dans une maison ancienne (avant 1975) chauffée au gaz consomme en moyenne 36.657 kWh par an (soit une facture de 1.994 euros). Le même couple dans les mêmes conditions d'habitat ne consomme que 12.580 kWh à Nice (684 euros), 22.794 kWh à Toulouse (1.240 euros), 26.809 kWh à Brest (1.458 euros). Entre Strasbourg et Toulouse, la différence de consommation est de 14.000 kWh. En d'autres termes, se chauffer à Strasbourg coûte une fois et demi plus cher qu'à Toulouse et trois fois plus cher qu'à Nice. Et se traduit par un renchérissement de même ampleur du coût de la taxe carbone alors que, parallèlement, le chèque vert du fisc, lui, reste du même montant pour un Strasbourgeois, un Toulousain ou un Brestois. Conscient de ces distorsions géographiques, le gouvernement suédois, qui a mis en place une taxe carbone dès 1991, a pris en compte ces différences climatiques. Les reversements sont modulés, plus importants au nord du pays qu'au sud, où l'hiver est moins long. Rémy Janin
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