Les syndicats en quête d'une stratégie alternative

SocialBernard Thibault a-t-il surestimé les capacités de mobilisation de l'intersyndicale en annonçant, dès le mois de juin, que le 7 octobre, Journée mondiale pour le travail décent, pourrait être la prochaine étape du mouvement de protestation franco-français ? Sans doute, au regard du peu de retentissement qu'a eu, hier, la journée pourtant soutenue par sept organisations (CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FSU, Unsa, Solidaires). En renvoyant à leurs unions locales le soin de définir les modalités d'action, les confédérations ont certes évité la comparaison avec les manifestations des 29 janvier et 19 mars qui avaient attiré des millions de personnes dans les rues. Mais elles se sont, du coup, privées de rassemblements d'ampleur. Ainsi, à Paris, entre 3.000 et 6.000 personnes seulement sont venues exprimer leur mécontentement devant le siège du Medef à l'appel de l'intersyndicale francilienne.Les syndicats n'ont pas su, non plus, présenter un front uni. Jean-Claude Mailly, le leader de Force ouvrière, qui a quitté l'intersyndicale depuis l'été, a raillé l'initiative de ses homologues. « C'est de l'agitation. Je ne pense pas que ça va empêcher M. Sarkozy ou Mme Parisot de dormir », a-t-il lancé, hier matin, sur iTélé. Indirectement, Bernard Thibault lui a répondu, en marge de l'initiative francilienne. « Les responsables politiques et patronaux [ne doivent] pas apprécier la participation uniquement par l'ampleur des rassemblements et des arrêts de travail », a lancé le secrétaire général de la CGT, avant d'ajouter : « Le gouvernement doit faire attention à l'eau qui dort. »Problème, même si elle bénéficie encore d'un large soutien de l'opinion publique, l'intersyndicale peine à convaincre de sa capacité à arracher de nouvelles mesures au gouvernement (lire « La Tribune » d'hier). Pour sortir de ce piège, les sept organisations tentent de déporter leurs actions du niveau national vers le local. « Avant l'été, il y avait un moment d'urgence sociale [?], avec la nécessité de crier à la face du monde ce sentiment d'injustice [?], et après l'été, on est plus sur des actions concrètes dans les entreprises », a résumé, hier, François Chérèque, qui, avec d'autres dirigeants de la CFDT, a fait une tournée des régions la semaine dernière. Nouveau souffleL'idée est, désormais, de présenter le front le plus uni possible dans les entreprises ou les secteurs en lutte, à l'instar de l'intersyndicale CGT-CFDT-CGC constituée dans le transport routier. Autre piste, élaborer une nouvelle série de revendications concrètes lors de la prochaine réunion de l'intersyndicale lundi. La situation des chômeurs en fin de droits ou les inégalités fiscales pourraient en faire partie. Reste à savoir si ces demandes seront suffisantes pour redonner du souffle à l'intersyndicale.
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