Bernanke, président des États-Unis

Les élections de mi-mandat ont été un désaveu pour l'administration Obama et pour le président lui-même. Il va devoir gouverner avec une Chambre des représentants qui a largement basculé dans le camp adverse. Sa déroute n'est cependant pas totale puisqu'il est parvenu, grâce en partie à certaines candidatures caricaturales du Tea Party, à conserver une majorité au Sénat.Obama s'est dit prêt à coopérer avec les républicains ; le Messie revient sur Terre parmi les humbles mortels. Les républicains, eux, se doivent de mener une réflexion en profondeur sur leur stratégie pour les deux années à venir. Ils doivent éviter à tout prix de réitérer l'erreur qui leur a été fatale en 1994 : une obstruction systématique mènerait automatiquement à la réélection d'Obama en 2012, une collaboration active pourrait cependant provoquer la colère de la frange conservatrice du parti. On entre donc dans une phase d'incertitudes. Avec une certitude, une évidence même : l'administration et le Congrès auront une marge de manoeuvre réduite en matière économique et financière.Or, et Obama a payé un prix élevé pour le comprendre, la préoccupation numéro UN des ménages américains, c'est l'économie. Les Américains découvrent la croissance molle, le chômage structurel, le désendettement et... l'épargne. Un vrai séisme culturel. Par voie de conséquence, un seul homme émerge de ces élections avec la toute puissance : Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale (Fed). Il va gouverner de fait les États-Unis en matière de politique monétaire et économique jusqu'en 2012. C'était déjà un peu le cas depuis deux ans car l'administration Obama s'est montrée étonnamment absente sur la gestion économique.Mais le rôle de la Fed et de son président va s'étendre de façon spectaculaire. Taux d'intérêt. « Quantitative easing » avec une deuxième phase qui vient de débuter cette semaine. Mais également implication dans le débat budgétaire qui va faire rage entre les démocrates et les républicains. Le projet de budget, c'est lui qui va l'orienter par le conseil ou par la menace. Il va apparaître comme l'homme incontournable du compromis et l'acteur principal d'une voie budgétaire américaine à définir, entre la relance keynésienne et l'austérité germano-britannique.Ce pouvoir de la banque centrale américaine, sans aucun contre-pouvoir politique, n'est pas rassurant. Car, et c'est le grand paradoxe, tout le monde s'accorde à penser que la Fed d'Alan Greenspan était en grande partie responsable de la bulle immobilière et de la crise des subprimes. On devait brider la Fed et la voilà investie des plein pouvoirs !Ben Bernanke n'est pas Alan Greenspan. Est-ce un atout ? Nul ne peut le dire encore. Pour l'instant, Ben Bernanke n'a exprimé qu'une pensée marquée par une peur obsessionnelle de la déflation. L'homme que la crise de 1929 a traumatisé et qui agite régulièrement l'épouvantail de la déflation à la japonaise ne sait agir que d'une seule façon : inonder le monde de dollars en faisant tourner la planche à billets à un rythme frénétique. L'histoire dira s'il a eu raison de prendre le risque de jouer avec le feu. Alan Greenspan suivit la même voie après 2001 avec les conséquences qu'on connaît. Les Américains n'ont pas voté démocrate, républicain, Tea Party, ils ont voté, sans le savoir, Ben Bernanke. Le président de la banque centrale sera le président de transition jusqu'en 2012. Le sort des États-Unis mais également, à travers les marchés financiers, le sort d'une partie du reste du monde est entre ses mains.ParMarc Fiorentino Allofinance.com
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