L'Irlande s'enfonce davantage dans la rigueur budgétaire

L'Irlande a présenté un plan de rigueur mardi. C'est la quatrième fois en deux ans. Le pays n'avait guère le choix : celui-ci était la condition imposée par le FMI et l'Union Européenne pour accorder la première tranche du plan de secours.L'ampleur des coupes budgétaires n'en reste pas moins gigantesque : Dublin veut économiser 6 milliards d'euros l'année prochaine, soit environ 10% du budget de l'Etat de cette année. Les deux tiers de ces économies viendront d'une baisse des dépenses, tandis que le tiers proviendra d'une hausse des impôts : pas question, selon le gouvernement irlandais, d'augmenter la taxation, qui serait mauvaise pour la relance du pays. C'est particulièrement vrai pour l'impôt sur les sociétés, qui demeure très bas à 12,5 %, malgré la pression du reste de l'Europe.La baisse des dépenses concerne notamment les retraités de la fonction publique : leur pension sera coupée de 4 % immédiatement, pour ceux qui touchent plus de 12.000 euros. Cela fait suite à une baisse de 15 % des salaires des fonctionnaires depuis deux ans. De plus, 25.000 fonctionnaires doivent être supprimés sur quatre ans (en principe sans licenciements secs). Les allocations familiales vont aussi être baissées, de même que les allocations chômages des moins de 21 ans, et les aides aux écoliers et étudiants...Cercle économique vicieux« C'est un budget de marionnettes dicté par le FMI, qui a des conséquences tragiques », critique Michael Noonan, député de l'opposition Fine Gael. Selon lui, cette austérité répétée provoque un cercle économique vicieux. « La seule façon de sortir d'une crise est par la croissance, assène-t-il. La politique de la terre brûlée menée jusqu'à présent a été contre-productive. »De plus en plus d'économistes sont d'accord avec lui. « L'austérité tue l'économie, s'inquiète Alan McQuaid, économiste à Bloxham, une société de courtage basée à Dublin. La demande intérieure a baissé de 26 % depuis le début de la crise. »Le problème, réplique le gouvernement, est que l'ampleur des déficits ne laissait guère de choix. « Sans les mesures d'économies menées jusqu'à présent, le déficit atteindrait 20 % du PIB (contre 12 % actuellement) », affirme Brian Lenihan, le ministre de l'économie. Selon lui, sa politique permettra le retour de la croissance, grâce à une amélioration de la compétitivité du pays : la baisse des salaires et des aides publiques rend l'Irlande plus intéressante pour les grandes entreprises internationales. C'est dans cette logique qu'il abaisse le salaire minimum d'un euro, à 7,65 euro de l'heure, bien que cette mesure n'ait aucun impact sur le déficit. Éric Albert, à Londres
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