La Banque du Japon dans les starting- blocks pour juguler la hausse du yen

Deux événements se sont conjugués pour faire perdre au dollar un peu de sa superbe retrouvée face aux grandes monnaies, en ravivant l'appétit pour le risque. Le billet vert a d'abord été affecté par l'intervention dimanche dernier de Ben Bernanke, laissant entendre, au surlendemain de la publication d'un très décevant rapport sur l'emploi aux États-Unis en novembre, que la Réserve fédérale qu'il préside pourrait procéder à des achats de titres de dette supérieurs aux 600 milliards de dollars d'ici à fin juin annoncés le mois dernier. Le dollar a aussi pâti des concessions faites dans la nuit de lundi par Barack Obama qui s'est déclaré prêt à un compromis avec les Républicains du Congrès sur la prorogation temporaire des mesures de réductions d'impôts prises par son prédécesseur George Bush. L'euro en a profité pour remonter, le jour même où l'Irlande votait le budget le plus sévère de son histoire. Il s'est à nouveau hissé juste au-dessus de 1,34 dollar, après avoir reflué lundi une figure et demi plus bas, en plein tohu-bohu sur l'extension du Fonds européen de stabilité financière et l'opportunité d'émettre des obligations européennes, les dirigeants de l'Union européenne s'en remettant à la BCE pour calmer les turbulences sur le marché de la dette. Mais ce rebond est d'autant plus précaire que l'Europe ne parvient pas à parler d'une seule voix au moment où les marchés exigent d'elle une avancée vers davantage d'intégration. Comme le soulignait Jacques Delors mardi, la coordination des politiques économiques est « le chaînon manquant » de la zone euro, ajoutant que « la cacophonie doit cesser car elle nourrit la spéculation ».Le redressement du yen face au dollar, remonté à son meilleur cours depuis trois semaines, apparaît en revanche nettement plus solide. La monnaie de l'archipel a repris sa marche vers son point haut de quinze ans face au dollar, pulvérisé le 29 octobre à 80,20. Mardi, le yen a poussé une pointe jusqu'à 82,35. Calmer la fièvreUne revalorisation suffisante pour émouvoir le ministre des finances qui s'est déclaré ouvertement inquiet de la montée en puissance du yen. Yoshihiko Noda a tenu des propos dans la ligne directe de ceux utilisés à la mi septembre, juste avant la première intervention de la Banque du Japon sur le marché des changes depuis 2004, en déclarant : « depuis hier (lundi) il y a des mouvements à sens unique ; je vais continuer à prêter une grande attention aux marchés ». Le 15 septembre dernier, la Banque du Japon, sollicitée par le ministère des finances, avait procédé à la plus importante intervention de change de son histoire, mettant dans la balance 2.124,9 milliards de yens - soit près de 26 milliards de dollars - en une seule journée pour tenter de calmer la fièvre sur la monnaie nipponne et l'empêcher alors de franchir le seuil de 82 pour un dollar. La Banque du Japon serait donc une nouvelle fois l'arme au pied.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.