Commerce extérieur : la France et l'Allemagne font toujours le grand écart

Les mois se suivent et se ressemblent. Malheureusement pour la France ! En novembre, l\'Allemagne a enregistré un excédent commercial de 17 milliards d\'euros quand la France, sur la même période, déplorait un déficit de 4,3 milliards.Les réformes porteront leurs fruits \"Le déficit des douze derniers mois s\'établit à 65,826 milliards d\'euros alors que celui de l\'année 2011 atteignait -74,203 milliards\", indiquent les Douanes. Seule consolation pour Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur, le déficit s\'est réduit de 400 millions entre octobre et novembre... « Les réformes de compétitivité engagées par le gouvernement devraient porter leurs fruits et permettront de donner des marges aux entreprises pour qu\'elles innovent », croit-elle néanmoins dans un communiqué de presse.L\'Allemagne est exigeanteEn octobre, l\'Allemagne avait affiché un excédent commercial de15,7 milliards, jugé insuffisant outre-Rhin. Les préoccupations ne sont décidément pas les mêmes de part et d\'autre du fleuve.Cette comparaison, systématique et toujours en défaveur de la France depuis la moitié de la décennie 2000, soulève une question : qui est l’exception ? La France ou l’Allemagne. Dans un article publié par la revue Telos, Charles Wyplosz, professeur d\'économie à l’Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement située à Genève relativise les déboires français face à son imposant voisin. En quelques mots, il rappelle que la France n’est pas la seule économie industrialisée à avoir cédé des parts de marchés depuis l’apparition des émergents sur la scène mondiale. Le cas de l’Allemagne est « anormal »« Les chiffres sont imparables. La part de marché de la France en matière d’exportations de produits manufacturés s’est effondrée entre 2000 et 2011, passant de 8,1% à 4,7%, Pendant ce temps, notre modèle en la matière, l’Allemagne, a presque maintenu sa position, passant de 13,6% à 11,5%. L’Allemagne exporte désormais plus du double de la France. Tout aussi alarmant est la détérioration de notre compte courant externe, jadis en équilibre et aujourd’hui en déficit (2,6% du PIB) alors que le surplus de l’Allemagne ne cesse d’enfler. Aux armes, citoyens ! Certes, mais supposons un instant que cette histoire de perte de compétitivité ne soit que de la poudre aux yeux », explique l’économiste qui rappelle que les États-Unis ont vu leurs parts de marché chuter de 26,5% à 16,1% et celles de la Grande-Bretagne de 7,0% à 3,9% entre 2000 et 2011. « Vous verrez que, parmi les pays développés, c’est l’Allemagne qui est anormale. Curieusement, d’ailleurs, durant la même période le chômage a reculé en Allemagne, aux États-Unis et en Grande-Bretagne, mais pas en France. Comme quoi, ce n’est pas la performance en matière d’exportation qui est déterminante en manière de chômage », insiste Charles Wyplosz.Le gouvernement doit agirLe gouvernement ne pouvant décemment rester les bras croisés, il est obligé de dépenser des sommes astronomiques pour tenter de redresser la compétitivité de l’industrie française. « Hélas, le diagnostic est erroné. Une observation devrait nous mettre la puce à l’oreille. Entre 2000 et 2011, toujours, la part de marché de la Chine est passée de 4,7% à 12,4%. Tout le monde sait bien que nous assistons à un changement historique : le Sud-Est Asiatique, mais aussi l’Inde, l’Amérique Latine et même l’Afrique, soit plus de la moitié de l’humanité, sont en train d’échapper à la pauvreté. Ils produisent plus et mieux. Comme le total de toutes les parts de marché est toujours 100%, les pays riches voient leurs parts diminuer mécaniquement », poursuit Charles Wyplosz. Ainsi, ce ne serait pas la France qui reculerait, ce serait les autres pays qui rattraperaient leur retard, « ce qui est une bonne chose pour tout le monde. D’ailleurs quel serait le scénario idéal pour aller vers un monde où tous les pays sont également développés ? On verrait les PIB des pays pauvres croître plus vite, mais sans les ralentir, que ceux des pays riches, une évolution vers une redistribution des parts de marché de chacun », imagine-t-il. 
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