La Bourse accorde trop de crédit aux promoteurs

Les promoteurs immobiliers font figure d'ovnis, à la Bourse de Paris. Quand le CAC 40 s'effondre de 8,3 % depuis le début de l'année, le cours de Nexity gagne 0,5 %, le titre Les Nouveaux Constructeurs grimpe de 6,5 % et l'action AST Groupe flambe de 17,5 %. Kaufman & Broadroad fait exception à la règle, avec un repli de 6,3 % depuis le 1er janvier, mais ce recul demeure nettement inférieur à celui de l'indice vedette de la place parisienne.secteurs sensiblesCes performances satisfaisantes résulteraient-elles d'un effet de rattrapage ? Même pas. L'année boursière 2009 s'est avérée excellente pour les promoteurs, dont les cours ? massacrés en 2008 ? ont été multipliés par un peu plus de deux. Voire par quatre dans le cas des Nouveaux Constructeurs. Des variations, là encore, bien supérieures à celle du CAC 40, qui s'est adjugé 22,3 % l'an dernier. Il faut dire que la promotion immobilière est un secteur très sensible à la conjoncture économique, et que ce sont justement les valeurs cycliques qui ont eu les faveurs du marché, l'an dernier. De plus, hormis Nexity, qui pèse 1,4 milliard d'euros en Bourse, les promoteurs cotés à Paris appartiennent à la catégorie des valeurs moyennes. Or l'indice CAC Mid & Small 190 s'est envolé de 40 % en 2009, une progression près de deux fois supérieure à celle du CAC 40. Une surperformance qui se poursuit depuis le 1er janvier 2010. Résultat, la valeur d'entreprise (capitalisation boursière plus dettes) de Nexity représente 8,5 fois l'excédent brut d'exploitation estimé pour 2010, selon les données de l'agence Bloomberg, et ce multiple s'élève à 10,2 dans le cas de Kaufman & Broadroad.Or les perspectives délivrées ces dernières semaines par les promoteurs, lors de la publication de leur chiffre d'affaires ou résultats annuels, sont des plus mitigées. Si Kaufman & Broadroad s'estime en bonne voie pour renouer avec un bénéfice net en 2010, le groupe, dont l'endettement financier net représente 300 % des fonds propres, s'est toutefois abstenu de fournir un objectif chiffré. De son côté, Nexity anticipe un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros cette année, contre 2,8 milliards en 2009. Le secteur du logement peine en effet à sortir de la crise. Incertitudes sur le front de l'emploi, possible remontée des taux d'intérêt, fin du doublement du prêt à taux zéro prévu pour le mois de juin... Autant d'éléments qui freinent le redémarrage du marché du logement. La Bourse semble donc accorder un crédit trop grand aux promoteurs.Pour couronner le tout, l'attrait spéculatif dont bénéficiaient certains titres s'émousse. Tel est le cas de Nexity, dont le PDG, Alain Dinin, a assuré vendredi que les Caisses d'Épargne demeureraient actionnaires à 41 % du promoteur. Christine Lejoux
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