Mélange radioactif

Pour un observateur de la taille de Gulliver, un réacteur nucléaire ressemblerait, un peu, à un shaker. Il pourrait du coup y trouver que le barman français aime y concocter de singuliers cocktails atomiques, comme lors de cette conférence sur le nucléaire, ces lundi et mardi, à Paris. Marquée du sceau d'une instance internationale, l'OCDE, elle a été ouverte par Nicolas Sarkozy et doit être close par François Fillon. Passé aux rayons X, son discours sur la sécurité internationale, la lutte contre la prolifération et le droit à l'accès à l'énergie, sonne aussi, voire surtout, comme la promotion du « business » tricolore. Quand le chef de l'État parle de faire financer par des instances internationales le développement du nucléaire civil dans le monde, ne faut-il pas y voir une façon de générer des contrats espérés par la France ? Quand il évoque un classement international des réacteurs les plus sûrs, s'agit-il de stigmatiser les clones de Tchernobyl ou de soutenir l'atome « made in France » face à certains concurrents ? Ces arrière-pensées n'ont évidemment rien à voir avec le fait que la France compte deux champions mondiaux en la matière, le groupe public Areva, pour la conception et la fabrication des réacteurs, et EDF pour leur exploitation. Tellement champions d'ailleurs qu'ils se crêpent le chignon pour savoir qui est le patron, un manque de travail d'équipe qui s'est payé cash aux Émirats arabes unis avec la perte d'un gros contrat au bénéfice surprise des Sud-Coréens. Quitte à procéder à un mélange radioactif entre diplomatie nucléaire et business de l'atome, autant le faire bien. Et remettre d'abord en ordre de bataille la filière industrielle française. [email protected] OLIVIER PROVOST
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