EADS, cette belle entreprise qui enchaîne les ratés

cite>EADS est un groupe vraiment incroyable, où l'excellence côtoie la médiocrité. Quelle entreprise en effet pourrait survivre, dix ans après sa création, aux charges et provisions abracadabrantesques, de plus de 10 milliards d'euros de l'A380 et de l'avion de transport militaire européen A400M (voir ci-dessous) ? Pourtant, EADS est en train de gagner ce pari insensé. Au point qu'on peut se demander vers quel sommet voguerait ce groupe s'il n'avait été pénalisé par son histoire chaotique (politique, transnationale, guerre de pouvoir), handicapé par une succession de boulets industriels (A380, A400M, hélicoptères NH90 et Tigre, drones, satellites Galileo...) fruits d'une maîtrise d'oeuvre industrielle déficiente, voire d'une industrialisation complètement ratée comme pour l'A380, et, enfin, bridé par ses deux actionnaires qui brillent par leur manque d'ambitions.Ce groupe est quand même bluffant. Au plus fort d'une crise du transport aérien sans précédent, sa filiale Airbus a livré 498 avions en 2009 alors que toute la chaîne des fournisseurs tablait sur une baisse des cadences. Un record qu'elle va tenter de battre à nouveau en 2010. Selon un objectif interne, Airbus vise 515 appareils livrés. Là est tout le paradoxe de ce groupe : il profite à fond, commercialement, de l'excellence de ses produits mais, ce mardi, EADS, qui publie ses résultats (près de 42 milliards d'euros de chiffre d'affaires), annoncera un Ebit et un résultat net négatifs en 2009 après incorporation de la nouvelle provision passée pour l'A400M (1,8 milliard d'euros). Alors que la famille A320, vache à lait du groupe, a contribué à l'Ebit, selon nos informations, pour 4 milliards d'euros environ (402 livraisons en 2009) et l'A330 pour 1,2 milliard (86).De plus, le groupe est assis sur une trésorerie record de près de 10 milliards d'euros fin 2009 (contre 9,2 milliards fin 2008). Pour quoi faire ? Ces dernières années, EADS s'est abstenu de toute acquisition ou presque, alors que le dollar est longtemps resté faible. Au détriment de la dollarisation souhaitée par la direction et de la « vision 2020 », chère à Louis Gallois et qui recommande notamment un rééquilibrage entre activités militaires et civiles. EADS doit notamment renforcer ou vendre son activité d'électronique de défense, basée principalement en Allemagne et loin d'atteindre la taille critique. En tout cas, la trésorerie permettra de soutenir l'A350 sur lequel il n'existe déjà plus de marge de manoeuvre. Un nouveau dérapage équivaudrait probablement à un retard du programme.
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