Nestlé veut mettre les Français au régime Jenny Craig

La globalisation des marques alimentaires n'a pas de limites. Celle des méthodes diététiques non plus. Trente-sept ans après Weight Watchers, c'est au tour de Jenny Craig de débarquer en France. « Nestlé en est très fier », a souligné lundi à Paris Richard Laube, patron de la division nutrition santé de Nestlé, sa maison mère. La marque australo-américaine de régimes amaigrissants vient d'ouvrir sa première boutique à Paris, avenue de Wagram. Une quinzaine suivront d'ici à fin mars, dont à Lyon et à Marseille. Et le site marchand vient d'être mis en ligne.Fondée en 1983 en Australie par Jenny Craig et son mari, Sid, la marque vend aux candidats à l'amincissement des plats en barquette individuelle, uniquement dans ses boutiques ou en ligne, elle leur conseille des activités physiques et les soutient psychologiquement, par téléphone ou lors d'entretiens en face à face dans ses 750 centres à travers le monde. Le tout pour 340 euros environ par mois (9,90 euros par jour pour trois repas et une collation, et 9,90 euros le rendez-vous hebdomadaire de conseil).La formule a fait mouche aux États-Unis. Elle a surtout séduit Nestlé. En 2006, le fabricant des chocolats Kit Kat et des saucisses Herta a déboursé 600 millions de dollars pour inclure cette marque dans son département nutrition et santé (6,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2009). « Au moment de son rachat, la marque réalisait plus de 500 millions de dollars de chiffre d'affaires », indique Richard Laube. Depuis, sans entrer dans les grandes surfaces que fournit Nestlé, Jenny Craig est partie convertir tous les « biens en chair » de la planète.Les chiffres l'y incitent. « Plus d'un milliard d'adultes sont en surpoids. Au moins 300 millions sont obèses », rappelle Patti Larchet, PDG de Jenny Craig. Bientôt, la marque débarquera outre-Manche, outre-Rhin, dans d'autres pays européens, puis en Asie et en Amérique latine.le potentiel de l'HexagoneLa France, où 26 % des femmes sont en surpoids et 15 % sont obèses, est un marché prometteur. « En cinq ans, notre chiffre d'affaires a doubl頻, indique Corinne Pollier, directrice générale de Weight Watchers en France. C'est dire le potentiel de l'Hexagone. Le lancement de Jenny Craig y a été préparé dans le plus grand secret et avec minutie. En décembre 2009, Jenny Craig a recruté des candidats à l'amincissement, par voie de presse, à Rennes. « Plusieurs dizaines de personnes, dont 80 % de femmes », indique à « La Tribune » Érick Moreau, son directeur général en France. Auprès d'eux, la marque éprouve ses recettes, les francise, pour notamment inclure à ses menus un boeuf bourguignon et un hachis parmentier. À la manière d'un Weight Watchers qui s'appuie sur le bouche-à-oreille, Jenny Craig s'est doté de l'indispensable échantillon de convaincus. Au printemps, période habituelle de début de régime, la marque fournira ces témoignages de Rennais amaigris pour alimenter les rubriques « avant-après » des magazines féminins. Dans l'intervalle, elle se sera accordée une campagne télévisée.Reste à savoir si la méthode Jenny Craig percera dans un pays où les concepts d'amincissement les plus prometteurs trébuchent. Les revers de la pilule Alli lancée en 2009 par le britannique GSK en témoignent. « Nestlé se donne une dizaine d'années pour transformer l'essai », indique, lui, Richard Laube.
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