Universités parisiennes  : les arbitrages du gouvernement passent mal

La réorganisation des universités dans Paris intra-muros crée un climat tendu. Si le rapport final de Bernard Larrouturou sur l'immobilier universitaire parisien fixe un cap (« La Tribune » du 22 février 2010), ses recommandations en matière de regroupements ne satisfont pas tous les présidents d'université. Ces derniers, qui ne parvenaient pas à s'entendre depuis un an, ont été pressés par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche de se constituer préalablement en pôles de recherche et d'enseignement supérieur (Pres, créés par la loi de 2006 sur la recherche) pour bénéficier des 700 millions d'euros de l'opération Campus. Or, « le fait d'avoir mélangé l'opération Campus, immobilière, et la constitution de Pres a apporté de la confusion, parce qu'à Paris, la situation est beaucoup plus compliquée qu'en province », dit-on dans les plus hautes sphères de l'exécutif. D'autant plus que le dispositif même des Pres est jugé mal adapté aux réformes en cours.des alliances hâtivesConséquences : des alliances trop importantes ou hâtives corrigées par le gouvernement, des rivalités exacerbées entre présidents d'université, des regroupements contre-nature. Paris III a dû quitter une alliance pour une autre ; Paris I, jugé trop grosse pour rejoindre le Pres Paris Cité (Paris V, Paris VII, Sciences po), s'est allié avec l'ESCP et l'ENA ; Dauphine, isolée, pourrait se rapprocher l'École normale supérieure... Bref, à ce jour, seul le Pres Paris Cité est officiellement constitué. Quant à l'alliance entre Paris II, Paris IV et Paris VI, elle pose de nombreux problèmes : l'absence de grande école, son statut, les conditions imposées à Paris VI pour obtenir la dévolution de son patrimoine en 2015 (notamment la restitution à Paris V du site des Cordeliers, qui appartient pourtant à la ville de Paris) ou encore le choix de son nom.Le futur Pres veut s'appeler « La Sorbonne » ou « Sorbonne Universit頻, ce qui provoque l'ire du ministère, des autres universités intégrant cette appellation (Paris I, Paris III), de la ville de Paris et la région Île-de-France. Le recteur de Paris, qui doit réunir ce mois-ci les présidents de Paris II, Paris IV et Paris VI, a déjà prévenu que si toutes les universités parisiennes peuvent l'inclure dans leur nom, aucune d'entre elles ne peut s'appeler « La Sorbonne ».En attendant, les présidents de ces trois universités ont publié un communiqué cinglant exprimant « leur total désaccord avec le rapport Larrouturou », dont ils qualifient les propositions « d'oukases mal argumentés et établis sans concertation ». Clarisse Jay
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