« L'Ukraine, un géant agricole qu'il faut réveiller »

Charles Vilgrain, président du directoire d'AgroGenerationLe placement d'AgroGeneration en Bourse vous a permis de lever 14,3 millions d'euros. À quoi vont servir ces capitaux ?Ils vont nous permettre d'accroître la superficie que nous cultivons. De 22.000 hectares à l'heure actuelle, nous souhaiterions passer à 40.000 hectares, voire 50.000 hectares cette année, puis à 100.000 hectares d'ici à trois ou quatre ans. C'est ambitieux en terme de taille, mais cela ne représente que 0,3 % des surfaces cultivables du pays. En outre, nous nous concentrons actuellement sur la production, une production que nous vendons essentiellement à Champagne Céréales ainsi qu'à d'autres courtiers, mais nous n'excluons pas d'aller vers le métier de l'export.Vous dites préférer exploiter la terre plutôt que de la posséder, mais quelle attitude comptez-vous adopter le jour où l'Ukraine lèvera son moratoire interdisant la vente et l'achat de terres ?Nous avons un droit de préemption sur ces terres, mais il n'est pas dit que nous souhaitions l'exercer, surtout dès 2012, année au cours de laquelle le moratoire doit prendre fin. Nous verrons, d'ici à deux ou trois ans, si nous disposons du cash nécessaire, AgroGeneration envisagera peut-être d'acheter ces hectares, soit en direct, soit par le biais d'une foncière dont elle est actionnaireRencontrez-vous une forte concurrence étrangère ?Il y a quelques groupes à capitaux européens présents sur ce créneau. Pour le reste, il s'agit essentiellement de sociétés ukrainiennes. Le moratoire sur les terres a réfréné les ardeurs de sociétés plus intéressées par l'achat de terres que par la culture. Nous n'avons par exemple pas vu de groupes chinois dans ce domaine.Pourquoi avoir choisi l'Ukraine plutôt qu'un autre pays ?Le pays produit 50 millions de tonnes de céréales par an, alors que ses besoins évoluent autour de 23 millions. Il exporte donc plus de la moitié de sa production. Un tiers des terres est en friche. Le potentiel est donc très élevé. Mais c'est un géant endormi qu'il faut réveiller. Les besoins en investissements sont importants, notamment dans le domaine de la capacité de stockage.Souhaitez-vous étendre cette expérience à d'autres pays ?Début 2007, avant de lancer ce projet, nous avions prospecté en Amérique latine, en Afrique, en Roumanie, dans la région du pourtour de la mer Noire. Il ne s'agit pas de recherches récentes, mais les conclusions que nous en avions tirées à l'époque restent utiles pour de futurs projets d'ici trois à cinq ans. Les besoins sont considérables. Rien qu'en Afrique, il y a des centaines de millions d'hectares à mettre en culture. Nous n'excluons pas non plus un éventuel rapprochement avec un groupe étranger, lorsqu'AgroGeneration aura bien grandi.Comment voyez-vous évoluer le prix des céréales ?Si l'on exclut les trois dernières années, les cours évoluent globalement sous leur moyenne des dix dernières années. 2008 a constitué la meilleure année en termes de production, et 2009 a été excellente également, ce qui a pesé sur les prix, mais plusieurs tendances de fond laissent penser que les prix vont augmenter. De ce point de vue, nous partageons les prévisions de la FAO, de l'OCDE et du département américain de l'Agriculture. La production aura du mal à subvenir aux besoins de la population mondiale. Les changements de comportement de certains pays comme la Chine vont faire exploser les besoins. Il ne faut pas oublier que pour produire 1 kilo de viande, il faut 5 kilos à 7 kilos de céréales. L'utilisation à des fins non alimentaires de produits agricoles, pour les biocarburants par exemple, est également un facteur à prendre en compte. Propos recueillis parMarjorie Bertouilledavid bordes« Les changements de comportement de certains pays comme la Chine vont faire exploser les besoins. »
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