L'Italie veut bloquer l'accord de libre-échange européen avec la Corée du Sud

Le secteur automobile italien sera-t-il le grain de sable qui bloquera la mécanique de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et la Corée du Sud ? La réponse sera donnée, ce vendredi, au cours d'une réunion des ministres des Affaires étrangères qui doivent approuver l'accord. Le vice-ministre italien en charge du Commerce extérieur, Adolfo Urso, a d'ores et déjà annoncé que l'Italie opposerait son veto, l'unanimité étant requise, si le projet d'accord n'était pas modifié ou au moins différée d'un an pour son entrée en vigueur (2012 plutôt que l'an prochain). Rome souhaite en effet pouvoir gagner du temps pour améliorer la compétitivité de son secteur automobile face à la concurrence coréenne et dans un contexte de baisse des tarifs douaniers. Une voiture sur cinq importée en Europe est coréenne. Surtout, ces petites cylindrées sont en concurrence directe avec les modèles les plus vendus par le champion italien Fiat. Les constructeurs allemands sont moins critiques car ils sont davantage présents dans les voitures haut-de gamme. Ce n'est pas tant l'exonération de droits de douane dans les échanges industriels entre les deux parties qui fait problème qu'une clause dite de « duty drawback », qui permet à un industriel de récupérer sur les produits exportés le montant des taxes qu'il a payé sur les produits qu'il a importés ou transformés. « Avec le système de ?duty drawback?, les constructeurs sud-coréens vont continuer à disposer d'un avantage compétitif injuste sur leurs homologues européens parce qu'ils peuvent acheter les composants dans les pays voisins [notamment la Chine, Ndlr], et demander le remboursement de leurs taxes d'importation (par le gouvernement coréen) quand ils exporteront vers l'Europe », s'alarme l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA). La France n'élève pourtant pas la voix car la production de Renault en Corée utilise elle aussi des composants venant d'Asie.Autres secteurs pénalisésL'enjeu ne se réduit pas au seul secteur automobile. Entre 2000 et 2008, les échanges entre l'UE et la Corée du Sud ont bondi de 50 %, mais dans le même temps le déficit commercial au détriment de l'UE est passé de 10 milliards d'euros à 14 milliards, sauf dans les services, avec un excédent pour l'UE de 3 milliards d'euros en 2007.
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