Une loi de finances anti-start-up ? Pour les Pigeons, la fin de partie n'est pas sifflée

Mon cri d'alarme posté le 28 septembre matin avant la publication du PLF 2013 a - semble-t-il déclenché le mouvement des Pigeons et m'a propulsé la semaine dernière sur lesplateaux de télévision ou de radio sans que j'y sois absolument préparé...Je n'ai pas d'activité politique ni syndicale. Si je travaillais dans le cinéma, je serais du côté des techniciens et pas celui des comédiens. Si j'ai «hurlé à la mort de l'écosystème des start-up» c'est simplement parce que je participe à sa construction depuis plus de 12 ans, que je l'ai vu progresser de façon extraordinaire, connaître de très belles histoires industrielles et que je nous sais respectés par nos voisins et néanmoins compétiteurs Européens... Le PLF 2013 est extrêmement dangereux pour cet écosystème, il pourrait lui être fatal, j'en reste convaincu.C'est pourquoi, j'ai accepté ce matin de devenir le porte-parole officiel des Pigeons aux côtés de mon ami Olivier Mathiot, co-fondateur de Priceminister. Je suis un capital-risqueur co-fondateur d'un fonds financé par des entrepreneurs. Olivier est un entrepreneur qui est lui-même investisseur en tant que business angel dans de très nombreuses start-ups.Oui vous avez bien lu. Moi le capital-risqueur, je suis financé par des entrepreneurs et Olivier, l'entrepreneur, est investisseur dans de jeunes sociétés. C'est ainsi que l'écosystème fonctionne : les capitaux comme les talents, les expertises et les expériences sont « recyclés » suivant un cycle très court pour permettre un effet «boule de neige», pour saisir les nouvelles opportunités que notre secteur offre avec un rythme effréné, pour in fine créer des dizaines de milliers d'emplois, générer de la croissance et... payer des impôts et des cotisations sociales.Cette croissance « endogène » délivrée aux travers de milliers de petites start-up desquelles émergeront de plus en plus de PME ne peut fonctionner que si les capitaux qui y sont injectés sont à la fois «intelligents» («smart money») et croissants en volume. Un investissement de business-angel ou de capital-risqueur consiste à financer des pertes qui parfois (et cela ne peut pas durer très longtemps) augmentent plus vite que le chiffre d'affaires. La prise de risque et la vitesse se doivent d'être maximales car sans cela, l'opportunité est saisie par une société américaine ou un «copycat» allemand et la niche (petite ou grande) n'aura pas son leader «Made in France». Ce modèle (qui est celui de la Silicon Valley) est évidemment encore très lent et trop prudent «par chez nous» quand on compare à nos amis Californiens : nous étions pieds nus à la fin des années 90, nous roulons maintenant en scooter quand la Silicon Valley déboule en Formule 1. Le PLF 2013 nous ramène de façon inéluctable au tricycle à pédales... alors que la Grande Bretagne et la Suède, par exemple, encouragent leurs entrepreneurs à enfourcher une moto de 500cm3 ! C'est certain maintenant, La France va faire partie des pays « reléguables » en ligue 2 !Ces éléments (également applicables à d'autres «écosystèmes» de croissance et d'avenir et d'autant plus valables que les cycles sont courts et la mobilisation des capitaux rapide) ne sont visiblement pas compris par nos hommes et femmes politiques. La réponse apportée par le gouvernement en fin de semaine aux mouvements des Pigeons est clairement plus une «pirouette» qu'une prise en compte de l'immense différence qu'il y a entre le financement en fonds propres de start-up et l'achat suivie d'une revente d'actions de «vieilles sociétés» cotées en bourse.Le gouvernement a invité jeudi dernier un aréopage d'organisations et de personnalités dont certaines avaient apporté leur soutien de principe au mouvement des Pigeons mais aucune ne les représentaient explicitement.Le gouvernement a entendu que le «créateur d'entreprises» était au cœur du dispositif et a promis un «retour à la fiscalité précédente» pour ledit créateur. Recevant chaque année des centaines de sociétés ayant toutes des configurations actionnariales différentes, je mets au défi quiconque de définir ce qu'est un «créateur d'entreprise» via des critères fiscaux de type pourcentage et/ou durée de détention et/ou autres. C'est tout simplement impossible. Une jolie «pirouette» qui ne répond pas du tout à la réalité du problème posé !Le gouvernement a entendu également que 12 ans de détention représentent une durée absurde dans certains secteurs à cycle rapide et que faire démarrer la durée de détention au 1 er Janvier 2013 était sans doute «déloyal». Il est censé revenir sur ces deux points. Ce n'est pourtant pas la durée de détention qui compte mais la nature de l'investissement.Je ne suis même pas sûr que le gouvernement ait acté le fait que traiter «rétroactivement» les cessions intervenues en 2012 soit inique. Imaginez l'entrepreneur qui a cédé ses actions au premier semestre 2012, a mis de côté de quoi payer ses impôts et avec le reste, s'est acheté un appartement (en empruntant) et a investi dans une nouvelle start-up dans laquelle il ne se rémunère pas. Le voilà endetté, non liquide et incapable d'acquitter son IRPP en 2013 sauf à revendre son appartement!Le gouvernement n'a pas écouté quand il lui a été dit que, dans son projet, les cessions d'actions sont plus taxées que les dividendes qui bénéficient d'un abattement de 40%. Les sociétés qui versent des dividendes connaissent en général peu de croissance. Les sociétés de croissance ne versent quasiment jamais de dividendes car elles ré-investissent tout dans la croissance ...Le gouvernement n'a pas écouté quand il lui a été exprimé que le risque, la liquidité et l'usage des fonds investis sont de natures absolument différentes quand il s'agit de PME de croissance et que la cession d'une société de ce type n'est pas un «revenu du capital» mais un simple événement de rotation du «capital productif». Taxée à 60%, n'imaginez pas que cette rotation puisse continuer!Le gouvernement avait promis de la concertation avec l'ensemble des parties prenantes. Quand il s'agit des entrepreneurs, il les prend par surprise, il entend ce qui lui permet une pirouette médiatique et il n'écoute pas ce qui est fondamental...Pourtant, quand il s'agit des entrepreneurs, il s'agit de l'économie réelle et pas de la finance spéculative. De l'économie réelle avec des emplois, des points de croissance, des impôts, des taxes et des cotisations... tout ce dont la France a besoin pour ne pas être reléguée en Ligue 2!Cette indifférence, ce cynisme, cet aveuglement, cette inconscience... me sont insupportables en tant que citoyen, démocrate, contribuable et patriote.Je suis entré dans ce combat par hasard juste parce que je voulais alerter mon «écosystème» des dangers présentés par cette loi de Finances. L'affaire est devenue médiatique, je ne le souhaitais pas. Maintenant que cela est un fait, autant aller jusqu'au bout de mes convictions et surtout ne pas lâcher les Pigeons au milieu du gué ... Lâcher les entrepreneurs, ça n'est pas mon genre!Ce cri d'alerte a été entendu. Entendu par de nombreux Pigeons, plus de 60.000 à date, qui sont eux aussi toujours aussi inquiets.Inquiets des méthodes brutales sans aucune concertation - comme si les entrepreneurs constituaient une minorité de citoyens différente qui n'aurait pas droit aux mêmes égards que les autres;Inquiets que l'on crée une exception fiscale en France qui handicape si lourdement la création d'entreprise et d'emplois qu'elle les décourage;Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames & Messieurs les Ministres, Mesdames & Messieurs les Députés et les Sénateurs, je sais que l'économie de l'entreprisen'est pas votre quotidien, elle est, par contre, celle des entrepreneurs de France.Animé par une démarche qui n'est ni anti-impôts, ni Poujadiste, je vous en conjure, écoutez avec un peu plus d'attention le problème qui vous est posé, ne jouez pas avec la réalité de l'économie française, n'hypothéquez pas l'avenir de notre pays et de nos jeunes, ne tuez pas l'écosystème que l'Europe nous envie et que nous avons su créer autour des PME de croissance, ne condamnez pas la France à subir, permettez lui au contraire de combattre, de rebondir face à la crise, d'innover, de réussir et d'être fière de garder sur son territoire tous les talents qu'elle sait générer. 
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