La récession bouleverse le marché du gaz

Le gaz pourrait être le grand perdant de la crise économique, par ailleurs victime des politiques visant à une meilleure efficacité énergétique et de la progression des énergies renouvelables. Voilà ce que l'Agence internationale de l'énergie devrait annoncer demain, lors de la publication de son rapport annuel. Selon le « Financial Times », le niveau de consommation de gaz constaté en 2008, soit 542 milliards de mètres cubes, ne devrait pas se revoir avant 2020. Si elle reste palpable sur le pétrole, la frénésie autour du gaz est bel et bien terminée. Sur les marchés, les cours se sont littéralement effondrés cette année, surtout aux États-Unis. De 13 dollars en 2008, le million de British Thermal Unit a sombré à 2,5 dollars en septembre, avant de se reprendre à 4,59 dollars vendredi soir. La comptabilisation de nouveaux gisements de gaz dits « de schiste » ou « shale gas » a transfiguré les disponibilités outre-Atlantique, alors que le niveau de la consommation s'effondrait en même temps que l'activité industrielle. Le nombre de forages en activité est passé de 1.600 en septembre 2008 à 737 la semaine dernière.Du local au globalEt pour la première fois, la baisse des cours du gaz outre-Atlantique a contaminé les autres marchés, alors que le combustible évoluait jusqu'alors en fonction de déterminants locaux.L'approvisionnement local est en effet remis en cause par la montée en puissance du gaz naturel liquéfié (GNL), bien qu'il ne représente pas plus de 10 % de la consommation. « Il y a eu des progrès majeurs récemment, à la fois sur les coûts du transport du gaz et sur la capacité de production de gaz naturel liquéfi頻 assure Michel Perrin, directeur de la rédaction de « Pétrole et gaz arabes ». Ainsi, les capacités de production du Qatar, premier acteur du GNL, se sont envolées avec des unités de production dont les capacités triplaient. Au Yémen, un nouveau projet vient d'entrer en production. L'arrivée sur le marché de nouveaux méthaniers a aussi fait fortement baisser les cours du fret de gaz. Si bien que les cargaisons initialement prévues pour les États-Unis se sont reportées sur les autres marchés, propageant la baisse des prix. Selon Quitterie Valette, analyste chez Barclays, les arrivées moyennes de gaz sur le territoire britannique devraient atteindre 40 millions de mètres cubes par jour, contre 7 millions l'hiver dernier?! Au Royaume-Uni, les cours ont baissé de moitié depuis le début de l'année. Les acheteurs ne respectent qu'au minimum leurs contrats d'approvisionnement de long terme et se tournent vers le marché approvisionné par le GNL. De quoi contrarier le géant russe du gaz, Gazprom. Le groupe serait d'ailleurs en train d'accélérer ses discussions avec son challenger, Sonatrach, le producteur de gaz algérien, afin d'organiser un cartel du gaz. Une hypothèse dont la concrétisation pourrait soutenir les cours. Sur le long terme, Stanley Nahon, directeur chez Booz & Co, se montre d'ailleurs optimiste. « Il ne faut pas oublier que les prix du gaz ont doublé entre 2000 et 2009. Ils demeurent à un niveau historiquement élevé, et devraient le rester malgré l'importance des ressources » assure ce spécialiste, qui souligne aussi la faible teneur en carbone du gaz par rapport au charbon et au fioul.
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