Propos recueillis par Olivier Le Floc'hEn France la littérat...

En France la littérature noire est encore réduite à quelques personnalités isolées.Lever l'anonymat qui entoure les artistes africains »Après « Tarzan », l'Afrique est de nouveau à l'affiche du musée mais vue sous un jour très différent.Le musée du quai Branly vit ses premières années d'existence. Il est important de faire savoir que nous sommes ouverts non seulement à des sujets variés, mais aussi à des formes d'expositions, à des niveaux de discours et à des degrés de complexité très différents. Je trouvais intéressant de présenter « Artistes d'Abomey » et « Présence africaine » sur la même mezzanine qui accueillait, quelques semaines auparavant, l'exposition dédiée à Tarzan. L'approche de l'Afrique y est donc profondément différente, le regard évidemment plus scientifique. Cela illustre assez bien notre façon d'envisager ce musée comme un forum de pensée et non comme un manifeste idéologique.Quelle est l'origine du projet « Artistes d'Abomey » ?Ce travail s'inscrit dans une démarche scientifique qui occupe les africanistes depuis une quinzaine d'années : lever, chaque fois que cela est possible, l'anonymat qui entoure les artistes africains. Trop souvent, le monde occidental perçoit l'Afrique comme une terre qui traverse les siècles de façon immuable. Le royaume d'Abomey est l'exemple parfait d'un lieu à l'histoire riche dont la mémoire a été conservée. On lui connaît une chronologie, des généalogies, des rois et dynasties. Gaëlle Beaujean-Baltzer, commissaire de l'exposition et chargée des collections Afrique au musée du quai Branly, s'est rendue sur le terrain où elle a été aidée par deux spécialistes béninois, Joseph Adandé, historien de l'art à l'université d'Abomey-Calavi, et le conservateur du site des palais royaux d'Abomey, Léonard Ahonon. Ensemble, ils sont parvenus à attribuer des noms d'artistes à un grand nombre de pièces de la collection du musée du quai Branly.« Présence africaine » nous plonge pour sa part dans l'Afrique contemporaine. Pour quelles raisons vous semblait-il important de faire de la place à cette revue ?Même si quelques personnalités éminentes qui ont gravité autour de « Présence africaine », comme Aimé Césaire ou Léopold Sédar Senghor, sont bien connues, il me semble que l'importance de cette revue a été quelque peu oubliée. La commissaire Sarah Frioux-Salgas, responsable des archives et de la documentation des collections à la médiathèque du musée du quai Branly, explore dans cette exposition le rôle majeur joué par « Présence africaine » dans l'histoire politique et culturelle des intellectuels noirs. Si les Américains étudient et reconnaissent la littérature négro-américaine depuis bien longtemps, en France la littérature noire est encore réduite à quelques personnalités isolées et perçue sous un angle essentiellement social et politique. Mettre en valeur « Présence africaine » m'a semblé être un vecteur pertinent pour attirer l'attention du public et des universitaires sur la nécessité d'étudier de plus près cette littérature. L'exposition est aussi l'occasion de rappeler que nous sommes les dépositaires de la bibliothèque qui se trouvait autrefois au musée de l'Homme, avec toute une littérature qui a participé à l'émergence d'une identité culturelle noire.Comment le musée est-il présent sur le continent africain ?Nous entretenons des liens très forts avec plusieurs pays. En décembre prochain par exemple, sera inauguré un musée en Éthiopie pour lequel nous avons fourni une assistance technique et muséographique. Depuis 2007, nous développons de nombreuses actions de formation et d'information. Ainsi, très récemment, nous avons créé une clé USB contenant l'ensemble des collections Afrique du musée du quai Branly, qui sera donnée à de nombreuses institutions africaines, à des fins d'étude et de recherche. Nous avons aussi un projet d'exposition d'art bambara au musée de Bamako. En 2007, la Fondation Zinsou nous a aidés à envoyer à Cotonou des objets de notre collection béninoise pour le centenaire de la mort du roi Béhanzin. La population locale a ainsi pu renouer avec son histoire. C'était une opération à la fois emblématique et très émouvante. stéphane mart
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