1947

3 dates clésAlioune Diop est né à Saint-Louis du Sénégal en 1910. Ses études en lettres classiques poursuivies aux facultés d'Alger et de Paris l'ont amené à devenir professeur puis fonctionnaire du gouvernement général de « l'Afrique occidentale française » et sénateur du Sénégal. Mais c'est la culture, plutôt que la politique, qui deviendra son sacerdoce. Il fonde « Présence africaine » en 1947, point de départ d'un combat opiniâtre pour l'émancipation culturelle du monde noir. Homme discret, il se place rarement au premier plan mais joue un rôle de catalyseur, de rassembleur et d'organisateur. À sa mort, le 2 mai 1980, Léopold Sédar Senghor rend hommage à la sagesse et à l'engagement de celui qu'il qualifiera alors de « Socrate noir ». « Présence africaine » existe toujours aujourd'hui. La librairie se situe au 25 bis, rue des Écoles, à Paris.Sur l'impulsion d'Alioune Diop et de « Présence africaine », un premier festival culturel de grande envergure se met en chantier sur le sol africain, organisé par le président du Sénégal Léopold Sédar Senghor en partenariat avec la France et l'Unesco. L'exposition principale rassemble des ?uvres de collections du monde entier et veut offrir un éclairage esthétique et historique sur l'art nègre. Le 30 mars 1966, pour la cérémonie inaugurale, André Malraux souligne l'importance de l'événement : « Nous voici donc dans l'histoire? Pour la première fois, un chef d'État prend entre ses mains périssables le destin spirituel d'un continent. » 20.000 visiteurs se rendront au festival de Dakar. L'exposition migrera ensuite à Paris, au Grand Palais, et accueillera 50.000 personnes.En 1953, Alain Resnais et Chris Marker se lancent dans l'écriture et la réalisation d'un documentaire produit par « Présence africaine ». À partir de la question « Pourquoi l'art nègre se trouve-t-il au musée de l'Homme alors que l'art grec ou égyptien se trouve au Louvre ? », le film de trente minutes en noir et blanc aborde frontalement les sujets qui fâchent. Le discours fortement anticolonialiste dénonce les processus d'acculturation mis en place en Afrique ou les exigences commerciales qui vulgarisent l'art nègre. Le film qui doit sortir sur les écrans de cinéma français est immédiatement censuré. Le prix Jean Vigo qui lui est décerné n'y change rien, ses images resteront interdites pendant dix ans.
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