Pas facile de remplacer l'emblématique patron

Une page historique s'est tournée chez Eiffage. La major française du BTP a été profondément marquée par la personnalité de son PDG, Jean-François Roverato - à la fois charismatique, truculent et volontariste, ce qui ne l'empêche pas d'être parfois autoritaire, cassant et un peu misogyne. Cet entrepreneur a littéralement fait Eiffage, en fusionnant en 1992 Fougerolle avec la SAE, puis en portant le groupe au rang de numéro trois derrière Vinci et Bouygues, avec 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires.Succéder à un tel personnage ne va pas être aisé pour le nouveau directeur général délégué, Pierre Berger. En même temps, Eiffage a besoin d'un nouveau souffle. Le groupe de BTP et son partenaire Macquarie devront refinancer la dette liée à l'acquisition du concessionnaire autoroutier APRR à partir de février 2013. Au-delà, la stratégie d'Eiffage, qui postule en solo sur les grands chantiers, a trouvé ses limites. Si cette tactique a tout son sens pour des ouvrages comme le viaduc de Millau et donne à l'entreprise une grande réactivité, elle la fragilise lorsqu'il s'agit de présenter des offres sur de très grands projets comme la ligne TGV Le Mans-Rennes dite Bretagne-Pays de la Loire (BPL), un contrat à 4 milliards d'euros que Réseau Ferré de France attribuera en 2011. En outre, une telle stratégie implique qu'Eiffage porte toute la dette. Ainsi, la probabilité qu'Eiffage puisse remporter BPL est jugée faible par certains experts pour des raisons d'ingénierie financière. Bouygues, pour sa part, ne prend jamais plus de 20 % d'une société de projet.Très franco-françaisPar ailleurs, même si Eiffage a beaucoup d'opportunités comme l'intégration fiscale d'APRR, le développement dans les travaux électriques avec Clemessy et dans les partenariats public-privé de taille intermédiaire, le groupe, très franco-français, gagnerait à se montrer plus offensif au plan européen, voire international - comme le préconisait en 2007 Benoît Heitz, l'ex-dauphin de Jean-François Roverato. À plus long terme, l'arrivée de Pierre Berger pourrait ouvrir la voie à un rachat d'Eiffage par Vinci, alors que ce dernier a été détrôné par deux groupes chinois de sa place de numéro un mondial et qu'Eiffage peut sembler ou trop gros ou trop petit.
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