Le gagnant, les perdants... et les autres

LE CHAMPION DES BÉNÉFICESSanofi détrône le pétrolier TotalLe millésime 2009 restera dans les annales pour Sanofi. D'abord parce que le laboratoire pharmaceutique a détrôné Total au rang de champion des profits du CAC 40, avec un résultat net ajusté de 8,47 milliards d'euros, en hausse de 18 %. Une progression qui doit beaucoup à la résistance de l'activité pharmaceutique en temps de crise : les flux de trésorerie ont atteint 9,4 milliards, soit 32 % des 29,3 milliards de chiffre d'affaires ! Pour ne rien gâcher, les vaccins contre la grippe A et saisonnière ont ajouté 1 milliard d'euros de ventes à Sanofi. Mais le groupe a surtout bénéficié de l'« effet Viehbacher », son directeur général, arrivé fin 2008. Il a su redonner crédibilité et visibilité au laboratoire : Sanofi assure pouvoir afficher en 2013 des niveaux de chiffre d'affaires et de bénéfice équivalents à ceux de 2008, malgré la perte annoncée de 20 % des revenus liée aux expirations de ses grands brevets. Cette stratégie passe par des acquisitions diversifiées. La dernière en date est la création d'une coentreprise entre la filiale de santé animale de Sanofi, Merial, et celle de l'américain Merck, Intervet Schering-Plough. Envisagée depuis juillet dernier, l'opération a été confirmée ce mardi en échange d'un paiement de 750 millions de dollars par Sanofi, assorti d'une soulte de 250 millions pour équilibrer les parités. Avec 5,3 milliards de dollars de chiffre d'affaires, le nouvel ensemble rendra Sanofi moins dépendant du marché des animaux de compagnie, sur lequel il va perdre cette année le brevet du fipronil (marque Frontline). Mais l'opération devrait nécessiter des cessions d'activités car Merial-Intervet détiendra 30 % du marché. A. T. LA CHUTE LA PLUS BRUTALEArcelorMittal, une année sanglante Plombé par l'effondrement de la demande et des prix de l'acier, ArcelorMittal a connu en 2009 une année particulièrement éprouvante, fermant ses hauts-fourneaux les uns après les autres et supprimant des emplois par milliers. L'année a été « la plus difficile que beaucoup d'entre nous ont connue dans leur vie professionnelle », a reconnu Lakshmi Mittal, le PDG fondateur du premier sidérurgiste mondial.En 2009, ArcelorMittal a vu son chiffre d'affaires fondre quasiment de moitié, à 65 milliards de dollars, conséquence de la crise des marchés de l'automobile et de la construction. Le groupe a toutefois réussi à sauver l'honneur en restant bénéficiaire, du moins en apparence. Son résultat net positif en 2009, de 118 millions de dollars, en chute vertigineuse par rapport aux 9,4 milliards de dollars de profit en 2008, résulte en effet d'un avantage fiscal de 4,5 milliards lié aux pertes enregistrées sur l'exercice. D'un point de vue social, l'année a été sanglante aussi pour le groupe, qui a supprimé 34.000 postes, soit plus de 10 % de ses effectifs. En mai, ArcelorMittal a par ailleurs été contraint de lever plus de 4 milliards de dollars pour desserrer l'étau de sa dette, diluant au passage la famille Mittal de 43 % à 40 % du capital. Aujourd'hui, le groupe estime avoir traversé le pire, mais il reste prudent. Il commence à rallumer des hauts-fourneaux, mais Lakshmi Mittal prévoit une hausse de la demande d'acier de seulement 10 % dans le monde cette année. Et ce, après une chute de 30 % en 2009. Un rebond bien insuffisant, donc, pour ramener le marché à ses volumes d'avant-crise. O. H. LES MAUVAIS ÉLÈVESEADS : activité record et... pertesIl y avait six entreprises du CAC 40 dans le rouge en 2008. Il y en a sept en 2009, dont EADS, qui, un an plus tôt, affichait un bénéfice net de 1,57 milliard d'euros. Pour 2009, le groupe européen d'aéronautique et de défense a fait état ce mardi d'une perte nette de 763 millions et d'un résultat d'exploitation (Ebit) négatif (??322 millions). Ceci alors que le chiffre d'affaires est plus ou moins stable, à 42,8 milliards d'euros. Pour autant, contrairement à Renault et à Peugeot, frappés de plein fouet par la crise de l'automobile, EADS ne doit pas ses mauvais résultats à la crise. Au contraire, sa principale filiale, Airbus, a livré un nombre record de 498 avions l'an dernier. « Ce n'est pas une crise extrêmement violente », confie-t-on en interne. La mauvaise performance provient des provisions pour les dérapages des programmes industriels A400M (1,8 milliard) et A380 (240 millions), mais aussi des effets de change défavorables, estimés à 2,5 milliards. Hors éléments non récurrents, l'Ebit ressort à 2,2 milliards. Pour la première fois de son histoire, le groupe ne distribuera pas de dividende, mais il en prévoit un pour 2011. Pour 2010, EADS, vise un résultat opérationnel d'environ 1 milliard d'euro et un chiffre d'affaires stable. Fabrice Gliszczynski UN SECTEUR REMIS SUR PIEDLes banques respirentAprès 2008, « annus horribilis », 2009 a été l'année de la convalescence pour les banques françaises. La plupart ont retrouvé la santé... loin derrière le géant BNP Paribas. Cette dernière a dégagé un bénéfice de 5,8 milliards d'euros l'an passé, soit deux fois plus qu'en 2008. La banque de la rue d'Antin surclasse ses concurrentes françaises et s'installe durablement sur le podium des acteurs européens, avec HSBC et Santander, depuis son rachat réussi de la belge Fortis.Désormais, sa rivale Société Généralecute; Générale évolue dans son ombre, après avoir péniblement gagné 678 millions d'euros l'an passé contre 2 milliards d'euros en 2008. La banque au logo rouge et noir reste trop dépendante de ses activités de marché, dont la rentabilité est menacée par la réglementation. Ce n'est plus le cas du Crédit Agricolegricole, dont la banque d'investissement a été fortement réduite. La Banque verte a, du coup, limité les dégâts l'an passé et a pu accroître ses bénéfices de 14,2 %, à 1,44 milliard d'euros. Et l'année 2010 se présente plutôt bien malgré les difficultés de sa filiale grecque, Emporiki.Les grandes malades de 2008, qui avaient affiché des pertes, ont aussi repris des couleurs. La banque publique Dexia a redressé la tête en réalisant un bénéfice de 1 milliard d'euros après une perte abyssale de 3,3 milliards d'euros en 2008. Même constat pour BPCE, le nouveau groupe composé des Caisses d'Épargne et des Banques Populaires, qui a retrouvé la voie de la rentabilité après avoir perdu près de 2 milliards d'euros en 2008. À l'époque, l'Écureuil avait été miné par Nexity et Natixis. Cette dernière a encore affiché une perte de 1,7 milliard d'euros contre 2,8 milliards en 2008. Elle a toutefois engrangé des profits au second semestre. Le groupe BPCE devrait montrer toute sa puissance en 2010, mais aussi les limites de Natixis, trop petite face à ses concurrentes. M. Pe.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.