Le gouvernement face à la grogne médicale

Il sera sans doute difficile de trouver un cabinet médical ouvert ce jeudi. À l'initiative de quatre syndicats de généralistes, dont le plus important d'entre eux, MG France, les 60.000 médecins généralistes sont appelés à faire la grève des consultations. Depuis mardi, ils sont aussi invités à ne plus télétransmettre les demandes de remboursement de leurs patients aux caisses d'assurance-maladie, afin d'encombrer ces dernières avec des feuilles de soin en papier...Mi-avril, ce sera au tour de l'autre grande organisation de généralistes d'entrer dans la danse. L'Union nationale des omnipraticiens français (Unof), rattachée à la puissante Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), demandera aux médecins de facturer d'autorité 23 euros la consultation contre 22 euros actuellement, au risque d'être traînés devant les tribunaux par l'assurance-maladie.surenchèreCette grogne s'explique en partie par le contexte syndical qui pousse à la surenchère. MG France va prochainement tenir son congrès et la CSMF son assemblée générale. Surtout, l'ensemble des praticiens vont être appelés à désigner en juin leurs élus aux unions régionales des médecins libéraux (URML), qui les représentent face aux caisses d'assurance-maladie et aux agences régionales de santé (ARS).Mais la grogne des généralistes est plus profonde. Ceux-ci s'estiment maltraités par le gouvernement. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, refuse en effet de leur accorder pour le moment l'augmentation tarifaire de 1 euro promise depuis 2007. « Pour la deuxième année consécutive, les médecins libéraux ont parfaitement rempli le contrat de la maîtrise médicalisée », remarque Michel Chassang, président de la CSMF. Or, en contrepartie, ils ne sont pas récompensés de leurs efforts, déplore-t-il. L'objectif annoncé par Éric Woerth, le ministre des Comptes publics, de ramener l'an prochain de 3 % à 2 % la progression de l'objectif national de dépenses d'assurance-maladie (Ondam), des dépenses remboursées par la Sécurité sociale, n'incite pas les syndicats à l'optimisme.Les tarifs ne sont pas le seul sujet de friction. Outre une moralisation des dépassements d'honoraires des spécialistes, Roselyne Bachelot veut imposer des obligations collectives aux médecins en matière de prise en charge des premiers soins et d'installation dans les zones sous-médicalisées. Autant de réformes que les libéraux vivent comme des contraintes intolérables.La cote de Roselyne Bachelot s'en ressent naturellement : selon un tout récent sondage Ifop pour « Le Quotidien du médecin », 82 % des praticiens libéraux n'ont pas confiance en elle, alors qu'ils n'étaient que 33 % dans ce cas en mai 2007. Et 79 % d'entre eux estiment négative la politique gouvernementale en matière de santé et de protection sociale. Iront-ils jusqu'à un vote sanction aux régionales ?
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