L'administration américaine fait virevolter le cours du gaz naturel

Rien ne va plus dans le gaz naturel américain. Le premier marché organisé du méthane au monde a connu des variations de cours vertigineuses depuis une semaine, alors que le niveau de réserves du pays fait l'objet d'un vif débat. Après s'être envolé de 5 % avant le week-end de Pâques, le contrat concernant le gaz traité à Henry Hub a bondi de plus de 4 % lundi avant de rechuter de 4 % mardi. Il cotait 3,909 dollars par mbtu (million de British thermal unit) vendredi après-midi.Production en hausse, cours en baisseEn seulement quelques jours, l'EIA (Energy Information Administration) a en effet modifié le mode de calcul de la production du pays, et a sérieusement revu ses estimations de production annuelle. La production du pays devrait progresser de 0,7 % à 60,9 milliards de mètres cube par jour, soit 2 milliards de mètre cubes supplémentaire chaque jour. Or le mois dernier, l'administration prévoyait au contraire un recul de la production de près de 3 %.L'EIA a également revu ses projections de prix : les cours ne seront pas supérieurs à 5 dollars cet été, mais plutôt proches des 4,44 dollars par mbtu (million de British Thermal Unit).En cause : le gaz de schisteUn désordre créé par la production croissante de gaz naturel bloqué dans des pierres de schiste, que l'on peut libérer en fracturant la pierre avec de l'eau sous pression. La technique du « fracking », qui rend une multitude de petits gisements accessibles, contraint l'EIA à mieux prendre en compte les petits producteurs de gaz, ce qui explique la modification des anticipations de production.La progression de la production s'explique aussi par la menace qui pèse sur cette nouvelle énergie. L'EPA,l'agence pour l'environnement américaine, s'est en effet saisie du dossier, et pourrait encadrer sévèrement ce nouveau mode de production d'énergie peu respectueux de l'environnement en raison des quantités d'eau et d'énergie astronomiques qu'il requiert.La technique du fracking remise en causeSelon la Société Généralecute; Générale, l'agence pourrait même interdire la technique du fracking. En attendant, les producteurs de « shale gas » ont donc tout intérêt à produire un maximum avant une éventuelle interdiction. Le nombre de puits en activité a d'ailleurs fortement grimpé depuis le début de l'année, et s'établit actuellement à 949, contre 200 de moins fin 2009. Malgré l'opposition des militants de l'environnement, une interdiction pure et simple de l'extraction de gaz de shiste semble peu probable. Au total, les réserves prouvées du pays atteignaient 244,7 millions de milliards de mètres cube ; mais le secrétaire à l'Energie, Steven Chu, a également rappelé cette semaine que les nouvelles techniques de forage pourraient faire doubler ce chiffre. FOCUS : Un gaz plus sale que le charbon ?Pour le Professeur Robert Howarth, de l'Université de Cornell, la technique de la fracturation hydraulique utilisée pour libérer le gaz de schiste est fortement émettrice de Co2. L'énergie nécessaire à la production, ainsi que les fuites de méthane sont tels que le bilan du gaz naturel ainsi produit serait équivalent à celui du charbon. Et supérieur de 30 % aux gaz à effet de serre émis par le pétrole lors de sa combustion, pour une énergie produite équivalente.
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