Crise de l'euro  : à qui profite le crime  ?

L'euro s'est effondré. Et tous les regards se tournent, comme d'habitude, vers les hedge funds, les fonds spéculatifs. Il faut dire que le « Wall Street Journal » nous révélait dès le mois de mars que le 8 février, les plus gros hedge funds américains étaient réunis à New York, pour un dîner dans un hôtel de Manhattan, à l'invitation d'un courtier, dîner pendant lequel ils auraient décidé de se liguer pour faire chuter l'euro à 1. À 1 euro contre 1 dollar. L'euro valait alors 1,37. En fin de semaine dernière, il touchait le 1,25...Même si cette théorie du complot est peu crédible, le rôle de la spéculation dans la chute de l'euro est indéniable. Mais contrairement à une rumeur, pour la spéculation, il n'y a pas de fumée sans feu. Les traders ne peuvent s'attaquer à un pays, à une monnaie, ou à une action et gagner de l'argent que si, objectivement, il y a une brèche. Prenons l'exemple de la Grèce. Certes, la spéculation a amplifié le mouvement et précipité les événements mais la Grèce n'avait-elle pas réellement besoin d'un plan d'austérité violent et ce plan d'austérité violent aurait-il été adopté sans les attaques des spéculateurs ?De même pour l'euro. L'euro n'aurait pas pu baisser si le modèle européen n'était pas réellement en quasi-faillite. Continuer, comme en France, à vouloir prendre sa retraite à 60 ans, à obtenir des augmentations automatiques, des primes, des RTT, des remboursements de frais médicaux souvent inutiles, des allocations pour tout alors que « les caisses sont vides » et que le pays a un déficit abyssal, c'est tout simplement irréaliste et les marchés sont là, souvent avec excès et trop souvent avec violence, pour le rappeler.Cette crise de l'euro est la conséquence d'un manque de courage politique de tous les leaders européens qui se voilent la face et refusent depuis des années de prendre les mesures nécessaires, de rigueur mais également de réglementation des marchés. Tous ? Non. Pas tous. Et c'est là que cela devient intéressant. Il y a un leader en Europe. C'est l'Allemagne. Et il y a un leader en Allemagne, c'est Angela Merkel. Et Angela Merkel n'a rien fait pour apaiser les esprits. Elle n'a rien fait pour freiner la panique sur l'euro. Elle en a même un peu rajouté en laissant des membres de son parti évoquer la possibilité pour les États malades de l'Union européenne d'envisager une « faillite ordonnée », un Chapter 11 étatique. Rien que cela. Une faillite ordonnée ! Dans un marché en pleine panique, laisser penser aux investisseurs qu'on pourrait laisser la Grèce, le Portugal, l'Espagne, l'Irlande, l'Italie mais pourquoi pas la France, l'Angleterre ou les États-Unis renégocier leur dette pour ne la rembourser que partiellement, c'est presque aussi irresponsable que de rabaisser la notation de la Grèce en pleine panique.Or l'Allemagne n'agit pas sans réfléchir. Si Angela Merkel a agi ainsi, c'est que cette crise l'arrange. Financièrement d'abord. Certes, l'Allemagne va devoir prêter plus de 22 milliards d'euros à la Grèce sur trois ans, mais elle gagne chaque jour des milliards d'euros, grâce à la crise, sur des exportations boostées par un euro bas et sur sa dette dont le coût baisse du fait de la baisse des taux allemands. Mais au-delà de l'aspect financier, les Allemands ne sont pas mécontents que les spéculateurs viennent rappeler à certains pays européens qu'on ne peut pas, comme la Cigale de la Fontaine, vouloir chanter tout l'été et vouloir danser en hiver le sirtaki ou le flamenco. Il y a une alliance contre nature, mais objective, entre les hedge funds et l'Allemagne. Les fonds spéculatifs font le sale boulot et focalisent les critiques mais, à travers eux, c'est l'Allemagne qui veut nous donner une leçon. Une leçon de rigueur. La fourmi allemande et les ogres de Wall Street vont empocher le gros lot. Et ce n'est pas totalement immoral. Car on ne comprend toujours pas ce que « faisaient les emprunteurs au temps chaud, nuit et jour à tout venant... ». nà contre-courant marc fiorentino Stratège d'Allofinance.com
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