En Allemagne, les "immigrés de la crise" déchantent

Retour à la case départ pour Alejandro. Cet Espagnol de 30 ans vient d\'apprendre qu\'on mettait fin à son contrat en septembre. Depuis plus de six mois, il était employé, via une agence d\'intérim, dans le département gérant les fraudes aux cartes bancaire d\'une banque à Francfort. Comme 23.800 Grecs et 20.700 Espagnols en 2011 - des effectifs en hausse de respectivement 90% et 52% par rapport à 2010 -, cet originaire de Tenerife était venu tenter sa chance en Allemagne au printemps 2011. En poche, son diplôme de commerce international. Mais pas de maîtrise de l\'allemand.Très difficile de trouver un emploi en dehors de certains secteursSans diplôme, le parcours du combattant« Si je n\'ai pas trouvé de boulot dans six mois, je rentre en Espagne, avoue-t-il aujourd\'hui, un peu amer. Pour Alejandro, l\'Allemagne est loin d\'être un eldorado : « Sans diplôme dans le secteur de la santé ou des techniques comme l\'ingénierie ou l\'informatique, où il y a de très gros besoins, il est très difficile de trouver un emploi en Allemagne. On entre alors en compétition avec les Allemands », estime-t-il.Le secteur de la santé embaucheC\'est justement dans le secteur de la santé que Katharina a trouvé à l\'inverse un emploi sans trop de difficultés. Après six ans d\'études de médecine en Grèce, la jeune femme de 25 ans a commencé l\'année dernière son internat d\'ophtalmologie dans un hôpital de Francfort. « Ils n\'ont pas assez de médecins ici, et l\'on vous propose un contrat de plusieurs années », raconte la brunette originaire du Péloponnèse. « J\'ai aujourd\'hui un contrat d\'une durée de cinq ans, le même que n\'importe quel autre interne allemand. Et je gagne 3.000 euros par mois avec les services de nuit ».Un manque de 6 millions de travailleurs d\'ici à 2025Car la première économie européenne vieillit et ne fait plus assez d\'enfants. D\'ici 2025, le ministère du Travail estime qu\'il manquera jusqu\'à six millions de personnes en âge de travailler. Le gouvernement a lancé en juin des plateformes Internet visant à attirer les travailleurs qualifiés.L\'indispensable maîtrise de l\'allemandAlejandro ne conseille pas à ses amis de suivre son exemple en Allemagne, s\'ils ne parlent pas allemand. Parmi les débouchés possibles pour les non-germanophones: les mini-jobs dans les hôtels et restaurants, ou encore les multinationales, où l\'anglais est la langue de travail, mais les postes sont peu nombreux et difficiles à décrocher, estime-t-il. « Deux de mes amis espagnols ont trouvé un boulot chez Nintendo à Francfort et Amazon à Munich », explique pour sa part Manuel, 28 ans, originaire de Cadix, en Andalousie, et installé à Cologne depuis son année Erasmus en 2009. L\'Espagnol, qui vient d\'obtenir son master en management des médias à l\'université de Cologne et parle couramment allemand, se montre confiant dans sa recherche de stage de fin d\'études : « Avec mon diplôme, c\'est bien plus facile, les entreprises vous rappellent. J\'ai décroché quatre entretiens en une semaine ».Des immigrés plus diplômésUne étude publiée début juillet par l\'institut IW Cologne souligne la progression des diplômés parmi les immigrés en Allemagne, avec 27,5% des travailleurs titulaires d\'un diplôme de l\'enseignement supérieur ces dix dernières années, contre 18% des Allemands. Une tendance qui devrait se renforcer, alors qu\'entre en vigueur en août la « carte bleue », facilitant l\'immigration de travailleurs qualifiés non européens.
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