Prudents en raison des craintes sur la croissance, les investisseurs américains misent de plus en plus sur la sécurité des obligations d'État nationales. Selon les dernières statistiques du Trésor, la dette américaine négociable comptabilisée à fin mai était en effet détenue en majorité par des investisseurs américains pour la première fois depuis août 2007. Au 31 mai, ils possédaient 4.106 milliards de dollars de titres, soit 50,2 % des 8.180 milliards émis par le gouvernement fédéral sur les marchés. Après être descendue à 44,3 % en avril 2008, cette part n'a cessé de remonter dans le sillage du taux d'épargne des ménages.Depuis novembre 2008, le taux d'épargne s'est en effet établi en moyenne à son niveau le plus élevé depuis la période 1992-1994, à 5,9 % contre seulement 2,2 % entre 2005 et 2007. Dans un environnement de faible demande de crédit, le secteur bancaire américain est également de plus en plus enclin à miser sur les titres d'État grâce aux liquidités offertes par la Fed à des taux d'intérêt proches de zéro. Et le mouvement s'est accéléré avec les craintes de ralentissement de la conjoncture outre-Atlantique, encore étayées vendredi par des statistiques sur l'emploi américaines décevantes. Les avoirs en bons du Trésor des investisseurs américains ont ainsi grimpé de 12 % de janvier à mai, contre une hausse de seulement 7,4 % pour les avoirs détenus par les étrangers. Inquiète de l'envolée de la dette et du déficit budgétaire américain, le premier créancier des États-Unis, la Chine, a malgré tout augmenté ses avoirs de 4,3 %, à 860 milliards de dollars. Soutenus par cette demande dynamique, les titres d'État américains ont connu cette année leur meilleur début d'année depuis 2002. Selon les indices établis par Merrill Lynch, la dette américaine a offert un retour sur investissement de 6,95 % depuis début janvier, quand l'indice S&P 500, plombé par les inquiétudes sur les finances publiques de la Grèce et la fragilité de la reprise, n'a progressé que de 0,94 %.Le marché de la dette d'État américaine bénéficie également des spéculations des intervenants sur la reprise des achats d'obligations par la Fed, qui tient à partir de ce mardi son comité de politique monétaire. Évoluant en sens inverse des prix, le rendement des obligations d'État à 10 ans américaines a ainsi inscrit lundi, en séance, un nouveau plus bas depuis avril 2009, à 2,8039%.

latribune.fr

10 Août 2010, 10:56

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