La rentabilité des banques privées en Europe a été divisée par deux

L'industrie de la banque privée européenne traverse l'une des périodes les plus noires de son histoire. Entre 2007 et 2009, sa rentabilité opérationnelle a été divisée par près de deux en Europe, d'après une étude réalisée par le cabinet McKinsey. La faute à la crise, qui a entraîné une contraction de son produit net bancaire (équivalent du chiffre bancaire) et de sa collecte de capitaux. En deux ans, les revenus sur encours des banques privées du Vieux Continent ont fortement reculé, passant de 96 points de base à 84 points. Une tendance d'autant plus pénalisante que, dans le même temps, leurs coûts augmentaient légèrement, de 61 à 64 points de base. « Les fondements économiques du secteur ont été ébranlés en 2009 », commente Sébastien Lacroix, directeur de projet au bureau de Paris de McKinsey. « Pour la première fois en 6 ans, la collecte nette en Europe n'a pas dépassé 1 % des encours, contre 8 % en 2006 et 2007. Les écarts de performance entre établissements se sont creusés. » Ainsi, les 25 % des banques privées ayant réalisé la meilleure collecte en 2009 ont enregistré une croissance de leur encours sous gestion de 11 % en moyenne, tandis que les 25 % les moins performants accusaient une baisse de 10 %. Les acteurs du marché luxembourgeois ont été les plus touchés par les retraits de capitaux de leurs clients. retour vers les actions« Certaines banques ont réagi rapidement pour faire face à la crise. Pour les autres, il y a une nécessité de réviser leur modèle de fonctionnement », analyse Sébastien Lacroix. En 2009, seuls 60 % des établissements de gestion de fortune sont parvenus à réduire leurs charges (2 % en moyenne), d'après McKinsey. Un chiffre bien insuffisant, puisque, sur la base des revenus de 2009, les banques privées européennes devront consentir une compression de leurs coûts comprise entre 15 % et 25 % pour retrouver un niveau de rentabilité d'avant crise. Pour sa part, le marché français affiche un bilan en demi-teinte. L'année dernière, la collecte nette moyenne dans l'Hexagone a été de 3 %, soit la meilleure performance en Europe. En revanche, le niveau de marge opérationnelle a fortement reculé en un an, de 28 à 20 points de base. Un phénomène provoqué principalement par le fort appétit des investisseurs français depuis le début de la crise pour les produits obligataires, et notamment les fonds d'assurance-vie en euros, beaucoup moins rémunérateurs que les placements en actions. Mais « les premières tendances de 2010 indiquent un retour progressif vers des actifs plus risqués, notamment les actions », nuance Sébastien Lacroix. Alexandre Maddens
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