l'investissement socialement responsable sur la sellette

La crise financière a-t-elle altéré la perception des actionnaires individuels pour les investissements socialement responsables (ISR) ? Deux ans après les prémices de la crise, l'Ifop s'est penché sur le sujet de l'ISR afin de savoir si le phénomène avait toujours la cote auprès de ces derniers. « La question était de savoir si, après une crise qui a soulevé des interrogations d'ordre moral et mis en évidence les limites d'un système, les actionnaires étaient désormais plus sensibles à l'aspect éthique de leurs placements financiers », résume Jérôme Fourquet, auteur de cette étude réalisée pour « La Tribune ». Mais la question soulevée revêt un autre intérêt. Celui de savoir à quel point les convictions des actionnaires ont pu résister dans un contexte boursier chamboulé par la crise.Dans l'ensemble, ce genre d'investissement est dorénavant bien connu. Mieux : la notoriété des différents aspects liés à l'ISR est en progression depuis deux ans selon l'étude. Cela étant, les mots ont leur importance. Ainsi, pour aborder ce thème avec les actionnaires individuels, il vaut mieux évoquer « l'épargne salariale » ou « les fonds éthiques » dont ils ont déjà entendu parler à 71 % et 59 % plutôt que d'« investissement socialement responsable », sémantique familière pour seulement 39 % d'entre eux.44 % s'en désintéressentLa thématique est donc connue et les actionnaires individuels se montrent même critiques à l'égard des entreprises. Seulement un quart d'entre eux (24 %) estiment que les entreprises sont « mobilisées » sur le sujet du développement durable. En la matière, les banques, non plus, n'ont pas un comportement exemplaire. L'étude fait ressortir que seulement un quart (24 %) des sondés se sont vu proposer par leur établissement des placements ou des fonds labellisés « développement durable ». Le pourcentage tombe à 19 % pour ce qui est des placements ou fonds « socialement responsables » ou « éthiques ».Or les investisseurs engagés ne manquent pas. Les adeptes de cette stratégie d'investissement représentent un noyau dure stable de 15 % de l'échantillon. Ceux qui commencent à y réfléchir sont en recul de 10 points par rapport au précédent sondage mais représentent tout de même 41 %. La majorité toutefois (44 %) ne prend pas en compte ces critères. Un phénomène qui s'explique facilement : 34 % des sondés estiment que les placements ISR sont moins performants par rapport aux indices boursiers.Et pourtant, un simple coup d'?il dans le rétroviseur boursier permet de voir que les « valeurs vertueuses » n'ont pas trop mal résisté à la tempête. L'indice ISR Domini Social Index (regroupant 400 sociétés reconnues comme « socialement responsables » dans le monde) a ainsi perdu sur deux ans un peu moins de 30 %, soit un recul identique à celui de l'indice MSCI World.
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