La visite d'Angela Merkel à Athènes, un bon ou un mauvais point pour la Grèce ?

Lundi, en Grèce, il y avait d\'une part ceux qui manifestaient dans la rue pour protester contre la visite d\'Angela Merkel, perçue comme une provocation, et, d\'autre part, ceux qui y voyaient « un geste de bonne volonté ».Babis Papadimitriou, journaliste économique, fait partie de ces derniers. Il défend ardemment le programme d\'austérité et juge positive pour le pays la venue de la chancelière allemande. \"Elle vient saluer les efforts du peuple grec\", estime-t-il.Un retard de \"deux ans\"Selon cet ancien conseiller financier, l\'échec partiel des réformes est à mettre au compte d\'une récession économique inédite, et, surtout, au retard \"de deux ans\", tonne-t-il, pris pour leur application par le gouvernement socialiste de George Papandreou.\"Il n\'a pas osé s\'attaquer aux syndicalistes qui bloquent toute avancée. Il n\'a pas osé appliquer les réformes promises . On devait licencier 150 000 fonctionnaires, cela n\'a pas été fait, on devait privatiser pour un montant de 50 milliards d\'euros. Or aucune privatisation n\'a été faite, et on avance désormais le chiffre de 19 milliards de recettes éventuelles\", critique le journaliste.Appliquer le programmePour Babis Dimitriou, le gouvernement doit procéder par étapes s\'il veut sortir le pays de la crise. D\'abord, dit-il, \"il faut trouver des mesures pour réduire de 14,5 milliards et demi supplémentaires le déficit comme l\'exigent les bailleurs de fonds internationaux et remettre le programme d\'austérité dans les clous. » Ensuite, il faut \"réellement mettre en vente l\'immobilier de l\'Etat, pas tant pour l\'argent qui va rentrer dans les caisses, mais pour le message qu\'il faut fairepasser : l\'action du gouvernement va dans la bonne direction.\" ,En outre, les autorités doivent tout mettre en oeuvre d\'ici le mois de mars pour attirer les investissements étranger, ce qui passe, selon lui, \"par la suppression du poids de la bureaucratie qui décourage tout entrepreneur.\"Un frein à la productivitéCette analyse n\'est pas partagée par Athanasios Kontargyris, économiste et fondateur du mouvement ATTAC en Grèce. « On a appliqué au pays une politique que le FMI a expérimenté dans tous les autres pays sans tenir compte des réalités spécifiques à la Grèce », constate-t-il.Selon lui, le problème peut se résumer en deux mots : \"Corruption et fraude fiscale\". La première a pour effet de freiner la productivité, car les richesses produites n\'apparaissent nulle part officiellement. \"C\'est le chiffre magique de 40% d\'économie « noire\"\", ironise-t-il, et tient à rappeler que pour ce qui concerne la fraude fiscale, \"ce sont ceux qui ont les plus hauts revenus qui la font. Or, « on ne s\'est jamais attaqué à ces deux problèmes. Pendant trois ans, le gouvernement a pris les mesures les plus faciles : baisser les charges de l\'entreprise Grèce au lieu d\'augmenter son chiffre d\'affaires », explique-t-il, chiffres à l\'appui.\"Le défaut est inévitable\"Ainsi, il y a trois ans, la dette publique représentait 125 % du PUB et le déficit 15. \"Aujourd\'hui, on a réduit le déficit mais la dette représente 180% du PIB, c\'est ingérable », martèle-t-il . « La seule stratégie consiste désormais à gagner du temps pour trouver une solution », estime-t-il.Quel scénario prévoit-il pour l\'avenir? \"Le défaut est inévitable, la situation sociale est explosive, à la moindre étincelle celà dérapera. Jusqu\'où? Je n\'en sais rien. Depuis le début, cette crise a été gérée en dépit du bon sens et la visite d\'Angela Merkel à Athènes n\'y changera rien », explique-t-il.
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