Faut-il avoir peur de l'inflation ? Alors que des grands patrons de la distribution tirent la sonnette d'alarme et accusent les industriels de préparer des hausses des prix pour 2011, 74 % des Français sont d'ores et déjà inquièts du phénomène, selon un baromètre de l'Ifop pour la banque Robeco, publié en exclusivité par « La Tribune ». Ils sont quasi unanimes (88 %) à déclarer que les prix ont augmenté au cours des douze derniers mois, et plus encore (93 %) à penser que cette hausse va se poursuivre dans les douze prochains mois. « L'inflation est, dans la perception des Français, largement installée et sera une composante de cette crise qui dure », explique Frédéric Dabi, directeur du département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop. L'enquête montre également que cette perception d'une hausse des prix conduira 68 % des personnes sondées à réduire leurs dépenses, une mauvaise nouvelle pour la reprise de l'économie, actuellement portée par la consommation.Épargne en haussePour faire face à l'inflation, 27 % des sondés pensent également épargner plus dans les mois à venir ; un taux historiquement élevé depuis que le baromètre a été lancé, en mars 2008. « Ce retour vers l'épargne n'est sans doute pas déconnecté de la remontée des taux des livrets d'épargne, [...] réévalués cet été de 1,25 % à 1,75 %», précise Frédéric Dabi.Entre inflation réelle et inflation perçue, le divorce reste cependant saisissant. En moyenne, les Français estiment l'inflation sur les douze derniers mois à 10,5 %, alors que l'inflation calculée par l'Insee est de 1,6 % entre septembre 2009 et septembre 2010. La catégorie de produits sur laquelle les Français perçoivent le plus fortement une hausse des prix est celle des produits alimentaires, mais, par rapport à l'année dernière, une inquiétude particulière s'est portée sur les prix de l'essence et de l'immobilier (voir graphique ci-dessus). Les Français ne sont pas toutefois uniquement victimes de leur pessimisme : l'inflation annuelle, après être passée en territoire négatif entre mai et octobre 2008, a retrouvé depuis une tendance haussière qui pourrait peser sur le pouvoir d'achat, fragile, des Français. Lequel avait, à la surprise générale, progressé de 1,3 % en 2010 et de 1,6 % en 2009, selon l'Insee. Dans ce contexte, loin de s'attendre, à une quelconque hausse de leur pouvoir d'achat, les Français tournent un regard morose vers les mois qui viennent : 54 % estiment que la situation économique ne s'améliorera pas avant deux ans, selon l'enquête de l'Ifop, et ils ne sont que 6 % à envisager une amélioration dans les six prochains mois. Sara Sampaio

latribune.fr

09 Nov 2010, 23:20

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