Sanofi/Genzyme : du duel au duo

Officiellement, c'est ce vendredi le jour J. Le 10 décembre à 23 h 59 heure de New York, telle est la limite fixée par Sanofi-Aventis pour son OPA à 18,5 milliards de dollars sur Genzyme, lancée le 4 octobre dernier. « En réalité, il n'y a pas de date butoir ! » assure un bon connaisseur du secteur. De sources concordantes, le laboratoire tricolore compte bien prolonger son offre sur la biotech américaine, laissant la porte ouverte à une solution négociée. Car depuis les premières tentatives d'approche de Sanofi il y a six mois, les positions des deux parties ont évolué.Henri Termeer, le bouillonnant patron de Genzyme, a mis de l'eau dans son vin. « Nous ne nous opposons absolument pas » à un rachat de la société, a-t-il déclaré il y a deux semaines au « Figaro ». Loin du veto catégorique qu'il posait jusqu'au début de l'automne à toute discussion avec Sanofi, il affirme aujourd'hui que seul le prix pose problème. Pourquoi un tel revirement ? « Henri Termeer n'était pas vendeur et ne l'est toujours pas. Mais en tant que président du conseil d'administration, il se doit d'être l'écho de ses actionnaires. Or, ceux-ci ne sont pas opposés à l'opération », décrypte un proche du dossier. D'autant qu'aux États-Unis, le conseil a explicitement pour mission de tirer le maximum de valeur de l'entreprise qu'il gère (lire ci-dessous).De son côté, le directeur général de Sanofi, Chris Viehbacher, n'a guère quitté le ton glacial, se disant « très déçu » de l'attitude de Genzyme en octobre. Il qualifiait d'« irréaliste » les objectifs sur lesquels Henri Termeer s'est fondé pour demander plus de 80 dollars par action (contre 69 pour Sanofi). Pourtant, le patron devra convaincre son propre conseil de relever son offre, ne serait-ce que symboliquement. D'abord parce que l'action Genzyme cotait toujours un peu plus de 70 dollars le 9 décembre en milieu de séance. Ensuite parce qu'en six mois, Henri Termeer a tout fait pour embellir la mariée.La biotech s'est attelée à résoudre ses problèmes de production et s'est recentrée sur son coeur de métier (les médicaments orphelins et anticancéreux) en cédant ses tests génétiques et ses produits de diagnostic. Pourtant, Chris Viehbacher a toujours martelé qu'il lui fallait rester « discipliné » sur le plan financier. « Étonnant de la part d'un dirigeant qui a dépensé 9 milliards d'euros en une cinquantaine d'acquisitions depuis deux ans ! » raille un proche, qui voit dans ces propos la marque des administrateurs du groupe, au premier rang desquels son président, Serge Weinberg, ainsi que Total et L'Oréalcute;al.La solution passera probablement par les certificats de valeur garantie (CVG), ces instruments financiers qui permettent de lier un complément de prix à la performance d'un médicament, en l'occurrence le Campath, testé contre la sclérose en plaque. De quoi permettre aux deux parties de sortir la tête haute. Reste à trouver le juste prix. « Cela demandera des discussions longues sur la façon de structurer les CVG. Il ne faut pas s'attendre à un dénouement avant le premier trimestre 2011 », estime le gérant Rudi Van den Eynde, chez Dexia. Dans le cas contraire, le bras de fer durerait jusqu'à l'assemblée générale de Genzyme en mai 2011 pour en découdre. « Je doute que cela soit nécessaire », conclut Rudi Van den Eynde.
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