Un budget très électoral pour le Royaume-Uni

Finances publiquesLa rigueur? mais après les élections. Le prébudget de l'État britannique pour l'année 2010-2011 (avril-mars) présenté ce mercredi est éminemment électoral, à moins de six mois des élections législatives. Alistair Darling, chancelier de l'Échiquier, s'est refusé à réduire le déficit dès cette année, estimant que cela pourrait étouffer la reprise économique. « Je ne suis pas prêt à prendre ce risque », explique-t-il.L'opposition conservatrice, favorite pour remporter les élections, a immédiatement contre-attaqué. « Nous attendions un prébudget, nous avons eu un prérapport électoral, a ironisé George Osborne, ?chancelier fantôme? des tories. Ce gouvernement a perdu toute autorité morale pour gouverner. » La plupart des commentateurs confirment cette impression.Le choix d'un resserrement budgétaire aurait cependant été difficile. La récession demeure outre-Manche : le PIB devrait reculer de 4,75 % cette année, selon une estimation officielle, avant de croître de 1 % à 1,5 % en 2010 et de rebondir de 3,5 % les années suivantes. Cela se solde par un déficit budgétaire stable, mais abyssal, à 12,6 % du PIB cette année, et à 12 % en 2010. Selon les prévisions d'Alistair Darling, il faudra attendre 2011 pour voir les déficits véritablement baisser. Ils resteront toutefois autour de 4,5 % en 2014. Autrement dit, la dette du pays va doubler en cinq ans.Des perspectives flouesLe côté électoraliste du prébudget est renforcé par le flou entourant la réduction des déficits après 2011. Le seul chiffre connu est celui de l'enveloppe globale des dépenses publiques, qui n'augmentera que de 0,8 % par an à partir de cette date, ce qui revient à une baisse en termes réels. Mais il n'est pas dit quels ministères seront concernés, ni à quelle hauteur. Un rapport quinquennal sur les dépenses de l'État, prévu dès l'an dernier, a été à nouveau repoussé, au nom de l'incertitude économique actuelle.Deux mesures ont cependant été arrêtées pour 2011 : la hausse des salaires des fonctionnaires sera limitée à 1 % par an et l'impôt sur la sécurité sociale augmentera de 0,5 %, en avril 2011.Enfin, dès maintenant, quelques micromesures sectorielles sont annoncées : des investissements dans des projets environnementaux, la suppression d'une taxe sur les voitures électriques, des aides à l'emploi pour les moins de 25 ans? Mais les vraies décisions seront prises dans six mois, par le prochain gouvernement, quel que soit le vainqueur. Éric Albert, à Londre
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