Fin d'année difficile pour les titres allemands et américains

La relative accalmie qui s'est instaurée en Europe depuis le sauvetage de l'Irlande et la perspective d'une nouvelle stimulation budgétaire aux États-Unis ont induit depuis début décembre une nette remontée des taux des obligations d'État les plus sûres. Evoluant en sens inverse des prix, le taux des titres à 10 ans allemands et américains, les principales valeurs refuge de part et d'autre de l'Atlantique, ont ainsi respectivement bondi de 40 et 25 points de base pour revenir à leur plus haut niveau depuis les mois de juin et mai. Valeurs refuges préféréesDans le même temps, depuis l'annonce le 28 novembre d'une aide de 85 milliards d'euros à l'Irlande, la prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir de la dette à 10 ans irlandaise plutôt que des titres allemands a baissé de 668 à 500 points de base, tandis que celles du Portugal et de l'Espagne 120 et 50 points, à 311 et 231 points. « Nous pensons que les taux longs allemands ont passé un point bas et qu'une phase de resserrement des spreads souverains se dessine en Europe », estiment ainsi les experts de Stelphia. Malgré la dégradation de la notation de l'Irlande de « A+ » à « BBB+ » par Fitch, le taux à 10 ans des titres irlandais se détendait ce jeudi de 5 points, à 7,97 %.Jusque-là inquiets de l'engagement des Européens et des États-Unis à solutionner leurs difficultés économiques, les marchés avaient privilégié les valeurs refuges à l'automne. Mais l'aide à l'Irlande et l'extension des financements illimités au secteur bancaire de la BCE, qui a par ailleurs augmenté ses achats de dette « périphériques », ainsi que le maintien côté américain de 500 milliards de dollars d'exonérations fiscales ont renversé la tendance. « Le compromis budgétaire américain va doper la croissance tout en gonflant le déficit des États-Unis, deux facteurs qui ont fait monter les taux américains et ont eu un impact sur les taux des pays « coeur » de la zone euro, notamment l'Allemagne », souligne Nicolas Forest, responsable de la gestion des taux chez Dexia. « Mais avant ça, les taux allemands avaient déjà rebondi dans le sillage des mesures prises par les Européens pour résoudre la crise irlandaise. Plus généralement, quel que soit le vecteur de l'aide aux pays en difficulté, ce sont les plus gros pays de la zone qui devront mettre la main à la poche. Sauf nouvelle crise aigue, les taux allemands devraient remonter », ajoute-t-il.Après avoir dépassé temporairement dépassé les 3% ce mercredi, le taux à 10 ans allemands cédait ce jeudi 8 points de base, à 2,93%, alors que les autorités françaises ont soutenu les positions de Berlin sur les mécanismes d'aide mis en place pour éviter une contagion de la crise des finances publiques. Paris a notamment jugé suffisant le fonds de sauvetage de la zone euro de 440 milliards d'euros créé en mai, laissant à penser que les deux principaux pays de la zone euro n'engagerait pas davantage leur garantie sur des émissions de dette destinées à aider des pays périphériques. La France a en outre estimé peu pertinent de développer des obligations d'Etat européennes communes. Une idée défendue lundi dans une tribune par le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker et le ministre italien de l'Economie Giulio Tremonti, et qui avait agacé Berlin.
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