Les tensions s'amplifient sur les céréales

Attention à la logistique. Voilà le message des spécialistes du monde agricole, qui s'inquiètent ces derniers jours non pas des disponibilités de céréales, mais du fait qu'elles soient toutes concentrées au même endroit. La dégradation probable d'une grande partie de la récolte australienne de blé tendre en blé fourrager, impropre à la consommation humaine, attise en effet les tensions. « Le seul pays qui pourrait compenser les dégradations en Australie et au Canada, ce serait les États-Unis. Mais le problème c'est que les ports du pays n'ont pas la capacité d'absorber des volumes de blé supplémentaires », déclarait hier Abdolreza Abbassian, économiste à la FAO. Les grandes cultures du pays, comme le soja et le maïs, accaparent déjà les terminaux portuaires. Et l'un des principaux accès au Pacifique, sur la Columbia River dans l'Oregon, va être fermé jusqu'à la fin du mois de mars pour cause de travaux.Si les cours du blé continuent leur ascension aux États-Unis, le phénomène est encore plus marqué en Europe où la céréale a touché jeudi un nouveau plus-haut depuis 2008, à 240 euros par tonne, suivi de près par le maïs qui frôlait également à quelques centimes son plus-haut de l'année de 217 euros.Peu de stocks« En France, ce qui inquiète ce sont les stocks de fin de campagne. Ils devraient ressortir à 6 % de la consommation, ce qui est vraiment peu », assure Gaultier Le Molgat chez Agritel. Devant une forte demande internationale, les exportations devraient atteindre le niveau record de 11,6 millions de tonnes cette année, pour une demande extérieure estimée à 13 ou 14 millions de tonnes pour le blé français.Du coup, les silos se vident : FranceAgriMer a publié mercredi une estimation de stocks de fin de campagne à 2,1 millions de tonnes pour cette année. Ce qui inquiète certains opérateurs qui se précipitaient hier sur le marché à terme, anticipant des prix encore plus élevés par la suite. La situation est d'autant plus absurde que la France est un gros exportateur de blé, et tente aujourd'hui de pousser l'idée d'une meilleure régulation des matières premières. Un projet qui pourrait notamment passer par des niveaux de stocks minimaux par pays. Lesquels n'existent absolument plus aujourd'hui, les organismes stockeurs étant exclusivement des acteurs privés.En attendant, le blé risque de se faire rare entre le mois d'avril 2011 et l'arrivée de la prochaine récolte, en août. « De gros acheteurs de blé en France n'ont pas encore sécurisé leurs approvisionnements pour le premier semestre 2011 », constate Gaultier Le Molgat, qui anticipe une nouvelle hausse des cours.
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