Dernière ligne droite à haut risque pour la négociation sur l'emploi

Vont-ils parvenir à accorder leurs violons? L’heure de vérité est arrivée concernant la négociation pour l’emploi. Jeudi et vendredi, syndicats et patronat se réunissent à nouveau pour tenter d’arriver à un compromis, et poser les fondations d’une vraie \"flexisécurité\" à la française. La négociation est cruciale. Les pourparlers doivent en effet permettre à la fois d’améliorer la compétitivité des entreprises, via des compromis sur la flexibilité et la sécurisation de l’emploi. Ou en d’autres termes, comment fluidifier le marché du travail en donnant plus de souplesse aux entreprises et de protection aux salariés.Or, il y a urgence : dans l’Hexagone, le taux de chômage se situe toujours au-delà de la barre des 10% et touche 3,13 millions de Français. Comme l’a promis François Hollande lors de ses vœux présidentiels, l’objectif numéro un du gouvernement en 2013 est de tout faire pour \"inverser\" cette courbe. Pour rappel, le compromis bute jusqu’à présent sur la taxation des contrats précaires, alors qu\'entre 2000 et 2010, le recours aux CDD de moins d\'un mois a explosé (+88%). Hormis la CFE-CGC, tous les syndicats en font un impératif. Ainsi, le texte patronal transmis mercredi élude toujours ce point, malgré la menace du gouvernement d\'exclure les CDD du crédit d\'impôt compétitivité donné aux entreprises.Chacun campe sur ses positionsEn clair, cette dernière ligne droite pour arriver à un compromis s’annonce particulièrement risquée. Depuis le 4 octobre et le coup d’envoi des négociations, les syndicats (CDFT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC) et le patronat (Medef, CGPME et UPA) campent sur leurs positions. Jusqu’à présent, les intéressés n’ont cessé de souffler le chaud et le froid, avec en première ligne, la CFDT et le Medef, véritables chefs de file des négociations.Depuis le début de la semaine, les acteurs ont multipliés les passes d’armes à fleuret non-moucheté. Ce lundi, Laurence Parisot s’est ainsi dite \"très pessimiste\" quant à l’issue des négociations. Visiblement très agacée par l’intervention jugée \"perturbatrice\" de l’Etat concernant la taxation des contrats courts qu’elle boude, la patronne des patrons a menacé de ne rien signer du tout.Les syndicats contre une nouvelle \"déréglementation du travail\"Réponse du berger à la bergère, Bernard Thibault a fustigé le lendemain que les discussions traitaient de \"tout sauf du recul de la précarité\". Le chef de file de la CGT a ensuite rejeté la faute sur les organisations d\'employeurs - \"et singulièrement le Medef\". Puisqu’à ses yeux, ceux-ci ne cherchent qu’à \"aller à une nouvelle phase de déréglementation du travail\".Bref, l’opposition est frontale, et chacun campe pour l’heure sur ses positions. La Tribune a évalué les scénarios probables au terme des deux dernières journées de débat, et estime à 40% (seulement) les chances d’un accord entre le patronat et une majorité des syndicats.>> Négociations sur l\'emploi : deux jours de débat, trois issues possiblesDe même, les Français ne croient pas que les intéressés parviennent à s’entendre. Dans un sondage Ifop Sud-Ouest Dimanche réalisé il y a cinq jours, ils sont 62% à ne pas croire à un compromis.Le spectre d’un camouflet politique majeurSi cela devait se produire, il s’agirait aussi d’un véritable camouflet politique pour François Hollande, dans le sillage du retoquage de la taxe à 75%. Il faut dire que pendant la campagne présidentielle, il avait érigé le dialogue social en principal moteur de réformes. Tout en accusant Nicolas Sarkozy de mener les siennes de manière unilatérale. Lors de la conférence sociale des 9 et 10 juillet derniers, le chef de l’Etat avait même souhaité inscrire ce dialogue social dans la Constitution…Reste qu’en cas d\'échec, un texte sera toutefois présenté rapidement en Conseil des ministres. D’après Alain Vidalies, en charge des Relations avec le Parlement, celui-ci verrait ainsi le jour d’ici à la fin du mois de février.
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