Les investissements verts risquent la panne en Grande-Bretagne

Le gouvernement britannique, qui promettait lors de son élection en mai 2010 d'être « le plus vert » de l'histoire, peine à concrétiser sa promesse. De nombreux investisseurs ont choisi de suspendre leurs plans, en attendant d'y voir plus clair sur les aides publiques qui seront finalement mises à disposition.Un rapport du comité parlementaire à l'environnement, publié ce vendredi, tire la sonnette d'alarme sur la « banque verte » que Downing Street a promis de créer, mais qui pourrait s'avérer d'une taille dérisoire au regard des investissements nécessaires.Selon le rapport, il faudrait au Royaume-Uni entre 250 et 1.100 milliards d'euros d'investissement privé d'ici vingt ans pour respecter ses promesses de réduction d'émissions de gaz à effet de serre. Or, selon les calculs d'Ernst & Young, les sources traditionnelles de financement ne pourront mobiliser qu'entre 60 et 90 milliards d'euros d'ici 2025. « Cela laisse un énorme trou », avertit le rapport parlementaire.Pour faire face, une banque verte doit être créée d'ici 2012, et Londres a promis d'y injecter 1,1 milliard d'euros au moins. Nettement insuffisant juge le rapport, qui propose donc que la « banque verte » soit une véritable institution financière, autorisée à lever elle-même de l'argent. Elle suggère aussi la création de comptes d'épargne verts exonérés d'impôts que les Britanniques pourraient alimenter afin d'augmenter ses dépôts.Une banque verte en projet« Créer une banque verte sans lui donner le pouvoir d'emprunter serait un peu comme essayer d'acheter une maison sans avoir une offre de prêt immobilier », s'inquiète Joan Walley, le député qui préside la commission parlementaire sur l'environnement. Cette recommandation pose cependant un problème : les emprunts de la banque verte seront-ils pris en compte dans le déficit du Royaume-Uni ? La priorité du gouvernement britannique étant de le réduire, un tel obstacle serait politiquement inacceptable. Le rapport parlementaire estime que des négociations avec l'office des statistiques doivent pouvoir résoudre le dilemme.La question de la banque verte n'est cependant pas le seul frein aux investissements. Une autre incertitude concerne la réforme du marché de l'énergie. Le gouvernement doit publier au printemps son livre blanc sur le sujet, avant de passer une loi courant 2012. Il y a pourtant urgence : de nombreuses centrales électriques doivent fermer dans les prochaines années et les décisions d'investissement sont urgentes, étant donné les durées de construction. Mais en attendant une loi, seules les centrales conventionnelles, notamment à gaz, sont vraiment rentables.Charles Hendry, le secrétaire général à l'énergie, affirmait mercredi dans une interview à « La Tribune » qu'il allait aussi vite que le rythme parlementaire le lui permettait. Néanmoins, la remise en cause de la plupart des aides publiques inquiète : au moins quatre fonds d'investissement ont récemment décidé de différer leurs projets dans l'énergie solaire, le gouvernement ayant récemment annoncé une révision des subventions dans ce domaine. L'État voudrait désormais orienter les aides vers l'éolien, mais n'a pas finalisé ses plans. « Je suis triste pour les entreprises qui ont investi des millions dans les projets photovoltaïques sur la base d'engagements du gouvernement, et qui vont maintenant perdre beaucoup d'argent », affirmait récemment au magazine « BusinessGreen », Andrew Newman, le directeur financier du fonds Low Carbon Investors (LCI).
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