« Les distributeurs doivent porter un regard de responsabilité sur les PME »

Le patron de Système U juge positifs les engagements signés la semaine dernière et regrette que Leclerc ait refusé de le faire. Comment réagissez-vous à l'offensive des industriels de l'agroalimentaire pour dénoncer les travers de la loi de modernisation de l'économie (LME) ?Les industriels agitent tous les chiffons rouges. Les principales associations de l'agroalimentaire (l'Ania, l'Ilec) sont arc-boutées sur la remise en cause de cette loi. Or, le bilan de la LME démontre combien ce texte a profité aux marques nationales qu'ils fabriquent. La progression de la part de marché des marques de distributeurs s'est depuis ralentie. Car, conjugués à une baisse des prix des matières premières l'an dernier, les prix de référence des marques nationales ont baissé. Et les consommateurs en ont davantage acheté.Quelle sera la tendance cette année ?Nous nous attendons à une hausse des prix. Tous les industriels nous envoient des tarifs en progression de 10 % à 12 %. Ils veulent effrayer les consommateurs. Tous les ans, à la même époque, lors de l'ouverture des négociations commerciales annuelles, les industriels crient qu'il faut faire attention aux hausses de prix. Mais, au final, le 15 février, on signe des accords. Ne jouons pas à nouveau ce psychodrame. Toutefois, il faut distinguer les grands groupes industriels des PME. Car quand je discute avec Nestlé, dont le résultat est l'équivalent du chiffre d'affaires total de Système U, c'est lui qui à la main. Les PME ont besoin, elles, d'un peu plus d'empathie. Avez-vous hésité à signer les « engagements à de meilleures pratiques commerciales » voulus par Hervé Novelli, le secrétaire d'État au Commerce ?Non, j'ai signé de bon coeur. Ce sont des engagements de bonne conduite vis-à-vis des PME. Nous devons leur porter un regard de responsabilité. Car, 50 % des produits vendus sous la marque U sont fabriqués par une PME. Cet été, nous nous sommes déjà engagés à modérer nos marges sur les fruits et légumes en cas de crise. Et nous nous battons actuellement pour trouver un accord en faveur de la viande porcine. Aux yeux de beaucoup d'industriels et de certains distributeurs, ces engagements ne mangent pas de pain.En fait, Système U n'est pas vraiment concerné par les pratiques dont ces engagements sont l'objet. Car Système U ne pratique pas le système des stocks déportés et n'exige pas de garanties de marge. Quant aux pénalités financières, l'engagement porte sur un délai de discussions. Ce n'est pas neutre. Nos acheteurs devront l'appliquer.Regrettez-vous que Leclerc n'ait pas signé ces engagements ?Oui, bien sûr, je le regrette. Car la grande distribution a besoin de changer son image.Faut-il donner davantage de poids à la Fédération des entreprises de commerce et de distribution (FCD) pour remédier à cette mauvaise image ?Il faut lui donner une mission nouvelle en ce sens. Elle ne doit pas être un strict lobby qui travaille sur le seul terrain législatif. La FCD ne doit pas être le seul miroir de l'Ania. Elle doit recentrer sa mission en signant, par exemple, davantage d'engagements tels que ceux que nous avons signés devant Hervé Novelli. Elle doit se connecter davantage aux instances européennes. Et je souhaite que les groupements indépendants, dont Leclerc et Intermarché, la rejoignent.Plaidez-vous pour un changement de gouvernance ?Cela vaut le coup de réfléchir à une évolution. Mais cela ?ne remet pas en cause Jérôme Bédier, président exécutif. Il a fait un travail remarquable depuis quinze ans à la FCD. Mais il faut, avec lui, changer le niveau de mission de la fédération.
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