Un grand réalisateur est né... à Mouthe

Il y a des films comme ça, qui sortent de nulle part et vous scotchent sur votre siège dès les premières secondes, imposant d'emblée un ton, une écriture visuelle à nulle autre pareille, et une histoire originale en diable. C'est le cas de « Poupoupidou », le deuxième long-métrage de Gérald Hustache-Mathieu avec Jean-Paul Rouve et Sophie Quinton. Et Mouthe (Jura), la ville la plus enneigée de France, comme décor.C'est là qu'atterrit David Rousseau (Rouve), écrivain de polar en mal d'inspiration venu récupérer en plein hiver l'héritage d'un oncle : un saint-bernard empaillé qui finit d'ailleurs à la poubelle. Mais en quittant le village à bord de sa 504 décapotable, son regard est attiré par le corps sans vie d'une starlette locale aux faux airs de Marilyn Monroe (Quinton) retrouvé dans un no man's land de neige.Chose étrange, sa mort ne fait l'objet d'aucune investigation alors qu'elle a des traces de piqûre sur le bras. De quoi donner à notre écrivain l'idée d'un nouveau polar. Et comme notre homme se prend pour James Ellroy, le voilà qui mène l'enquête de son côté. Il met la main sur le journal intime de la belle, découvre que sa vie n'était pas si simple, rencontre ses anciens amants, s'allie avec un gendarme qui se rêve en agent du FBI canadien. Et trébuche sur les bâtons qu'on lui met dans les roues. Gérald Hustache-Mathieu mène son polar d'une main de maître, distille ses informations, multiplie rebondissements et trouvailles géniales, convoque contre toute attente John Kennedy dans ce coin paumé du Jura, enrobe l'ensemble d'humour et d'une bande-son de reprises exceptionnelles. Comme les frères Coen avec le très enneigé « Fargo », il crée son propre univers, très graphique, contrebalance les couleurs froides de l'environnement ou de la morgue par celles d'un motel psychédélique des plus délirants. Mais derrière ce film de genre unique se cache aussi un tableau piquant de la vie étouffante des petites villes de province où tout s'écoute et tout se sait. Où une ancienne pompiste sera toujours regardée comme telle malgré sa réussite.Y. Y.
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