L'AMF dresse sa nouvelle cartographie des risques financiers

« Ma conviction est que tant que la zone euro ne sera pas consolidée, en particulier avec la création, autour de la Banque centrale européenne, d\'une union bancaire et financière, un renforcement de l\'harmonisation des règles européennes et le développement d\'outils permettant une plus grande intégration de la surveillance, le secteur financier européen restera fragile ». Avant de quitter l\'Autorité des marchés financiers qu\'il présidait depuis 2008, pour la Caisse des Dépôts qu\'il va rejoindre prochainement, Jean-Pierre Jouyet a tenu à faire un bilan circonstancié lors de la présentation de la cartographie des risques sur les marchés financiers. « Au-delà de l\'Europe, tant que le principe de réciprocité et de reconnaissance mutuelle ne sera pas appliqué et que les effets de distorsions réglementaires entre les États-Unis et l\'Europe ne seront pas maîtrisés, le risque de fragmentation des marchés américain et européen sera de plus en plus prégnant et les efforts des instances internationales pour favoriser une règlementation cohérente et une coopération renforcée en matière de surveillance resteront vains », a-t-il ainsi martelé, en guise de testament philosophique.La problématique de la fragmentationEt de fait, dans cette cartographie 2012 des principaux risques encourus tant par les particuliers que les investisseurs institutionnels, les risques en matière de fragmentation (multiplication des ordres via l\'émergence de nouvelles plateformes privées ne passant pas par un marché centralisé) sont particulièrement pointés du doigt par le gendarme de la Bourse qui redoute à cette occasion une dégradation de la transparence. De même, l\'AMF met-elle en avant une évolution qui n\'est pas sans poser de nombreuses questions et susciter quelques craintes : aujourd\'hui, les « purs » acteurs de « high frequency trading », le trading à haute fréquence, représentent déjà à eux seuls environ 50 % du total des ordres émis et près de 20 % des volumes. Et lorsque l\'on sait que dans ce cadre, la fréquence des révisions et annulations d\'ordres s\'est considérablement accrue ces dernières années, soulevant pour les opérateurs de marché des questions de capacité technique et, pour les participants, des questions sur la capacité à identifier la nature de la liquidité fournie, on mesure mieux les inquiétudes du régulateur français.Le risque systémique des CDS toujours d\'actualitéAutre sujet de préoccupation de l\'AMF : Les CDS (credit default swaps), ces contrats de protection financière qui ont largement défrayé la chronique dès les premiers soubresauts de la crise de la dette souveraine des pays de la zone euro. « Parmi les principales problématiques figure en premier lieu le risque de contrepartie (induit par le défaut d\'un vendeur de protection) qui, du fait notamment de la nature très concentrée du marché et des fortes interconnexions entre ses acteurs, peut avoir des implications systémiques. Dans le cas des CDS, le risque de défaillance immédiate peut en outre entraîner de fortes variations des prix et une brutale augmentation des garanties que doivent constituer les vendeurs de CDS pour pouvoir faire face à leurs obligations vis-à-vis des acheteurs de protection», souligne ainsi le gendarme de la Bourse.Un contexte calamiteux pour les courtiers et les sociétés de gestionDe même, L\'AMF s\'inquiète-t-elle des difficultés financières rencontrées par les courtiers et les sociétés de gestion. Le contexte actuel donne un indéniable avantage aux grosses structures susceptibles de supporter la contraction des marges bénéficiaires et la réduction des revenus issus de l\'exécution des ordres. Les plus petits sont douloureusement touchés et devraient soit disparaître, soit se concentrer. Une évolution que le régulateur ne voit pas d\'un bon œil, cette précarité pouvant pousser les différents intervenants à réduire leurs efforts en matière de contrôles et de conformité ou à réduire leurs investissements technologiques alors que les besoins et les coûts dans ce domaine s\'accroissent. L\'AMF y voit aussi un signal négatif pour les petites et moyennes valeurs, financièrement moins intéressantes pour ces acteurs et donc susceptibles d\'être délaissées aussi bien en tant qu\'émetteur que client.Haro sur les produits spéculatifsReste aussi la problématique de la surveillance des sites internet proposant des produits spéculatifs sur le marché des devises, ou les différentes questions que posent les ETF (exchange traded funds), certains n\'ayant pas les statuts requis par le gendarme de la Bourse ou d\'autres posant des problèmes lors des prêts emprunts de titres nécessaires à l\'élaboration de ces titres.Autant de sujets que l\'AMF suit de très près et entend améliorer, dans un contexte particulièrement préoccupant, le régulateur n\'hésitant pas, pour la première fois cette année, à parler de risque systémique sur les marchés. 
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