Hollande et la fiscalité : le rendez vous manqué

En 2010, François Hollande n\'était pas encore le candidat du parti socialiste à l\'élection présidentielle. Mais, depuis son petit bureau de l\'Assemblée nationale, il y songeait déjà. Fortement. Interrogé sur les thèmes qu\'il pourrait mettre en avant face à l\'UMP, il développait longuement ses thèses sur la fiscalité. Opposés à la politique « pro-riches » de Nicolas Sarkozy, les Français ont soif de justice sociale, arguait-il. Et la fiscalité est l\'un des moyens de rétablir cette justice. Bref, les impôts étaient au cœur des réflexions du futur candidat. La politique fiscale serait l\'une des pièces maîtresses de sa campagne. Il en maîtrisait à la fois les enjeux et les détails, en véritable expert, à la fois politique et technicien.La fiscalité, un bouletOr, que voit on moins de 16 mois après l\'accession au pouvoir de l\'ancien maire de Tulle ? La fiscalité est devenue pour lui comme un boulet. Le coup de massue fiscal du budget 2013, il l\'avait annoncé, dès son entrée dans le cœur de la campagne, début 2012, détaillant de façon surprenante les hausses d\'impôts à venir. C\'était difficile, les économistes keynésiens toussaient, mais cela passait… Ce fut le cas jusqu\'à l\'affaire de pigeons, qui a quelque peu brouillé le message de la réforme fiscale, consistant à imposer au barème l\'ensemble des revenus des particuliers.Quasi stabilité des prélèvements obligatoires....Un an plus tard, le plus grave est que l\'expert en fiscalité François Hollande, dont certains avaient pu douter des compétences en politique internationale, mais qui ne pouvait être pris en défaut sur l\'économie, n\'est plus pris au sérieux par les Français qui réalisent bien que la \"ligne fiscale\" manque cruellement de clarté ou à tout le moins de constance. Sans parler des imprudences de communication : qui croit encore à la pause fiscale annoncée fin août par le chef de l\'Etat ? Certes, les prélèvements obligatoires n\'augmenteront « que » de 0,15 point en 2014, comme l\'a annoncé le gouvernement, ce mercredi. C\'est en mettant en avant ce chiffre que le président de la République peut justifier son expression.Mais il s\'agit là évidemment d\'une donnée globale. Les particuliers, qui reçoivent ces jours ci leur avis d\'imposition pour 2013, avec une facture souvent en hausse (en raison du gel du barème et de l\'abaissement du quotient familial) croient d\'autant moins à la pause que se succèdent les annonces de niches fiscales remises en cause, autrement dit de futures hausses d\'impôt.Le gouvernement n\'est pas clair sur ce point, mais il est certain que les prélèvements pesant sur les ménages augmenteront l\'an prochain, même si, comme veut le faire le gouvernement, on met de côté la hausse de la TVA, votée fin 2012. Pour les ménages, de pause il n\'y a pas. Le fait que le Crédit d\'impôt compétitivité emploi soit favorable à l\'emploi, et donc in fine à leur pouvoir d\'achat, comme le défend Pierre Moscovici, ne les convaincra certainement pas.La crise, une explicationBref, c\'est sur le dossier fiscal que François Hollande se met le plus en difficulté, manquant le rendez vous qu\'il avait pris avec les Français. La crise n\'est bien sûr pas étrangère à cette situation : si la France n\'avait pas frôlé la récession en 2013, il eut été inutile de continuer à augmenter les impôts. Mais leur hausse d\'ampleur inconnue en 2013 a pu, aussi, contribuer aux difficultés économiques...Et la \"Grande\" réforme fiscale?Au delà, François Hollande avait convaincu les socialistes de la nécessité d\'une réforme d\'ampleur, destinée à ramener plus de justice. \"Elle est faite\", avait pu affirmer Jérôme Cahuzac, alors encore ministre du Budget, en janvier 2013. Il mettait en avant la taxation à l\'impôt sur le revenu de l\'ensemble des revenus du capital, qui n\'est en fait pas complète. Surtout, de nombreux électeurs de gauche attendent la fusion de l\'impôt sur le revenu et de la CSG, qui figure bel et bien dans les propositions du candidat Hollande, mais à laquelle il avait , en fait, déjà renoncé lors de la présentation de son programme. Il est vrai que cette réforme, au sens où l\'entend la gauche de la gauche, consisterait à taxer plus les contribuables les plus aisés pour diminuer la facture des plus modestes... Or les riches ont déjà vu leurs impôts accrus (taux marginal à 45%...). Bref, la grande réforme attendra....   
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