Un coup financier ?

Vous avez déjà tout lu et tout entendu sur le sauvetage par l'administration américaine des agences hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac. Les optimistes, dont je fais partie, pensent que le plan Paulson marque la fin de la crise financière et que le système financier est sauvé. Les sceptiques, l'immense majorité des analystes, le consensus donc..., parle d'un " pschitt "... qui ne pourra enrayer l'effondrement de la planète finance. Mais sortons de ce débat pour lequel The Jury is out et dont nous ne connaîtrons pas les gagnants avant six mois à un an. Je voudrais vous offrir une autre perspective de cette opération qui va vous surprendre. Henry Paulson est l'ancien patron de la banque d'affaires Goldman Sachs. Ce n'est pas un politique. Et il est extrêmement brillant (ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : l'un n'empêche pas l'autre, même si...). Il a agi sous la contrainte : il fallait sauver le soldat Finance. Mais ses réflexes de financier ont pris le dessus. Il a négocié pour le gouvernement américain un deal en or ! Un deal dont rêveraient tous les hedge funds, tous les fonds de retournement, tous les fonds " vautour ". Pour la simple raison qu'il était le seul à avoir les moyens (budgétaires) pour le faire et qu'il avait en face de lui deux entreprises à genoux dont les actionnaires n'ont pas eu leur mot à dire, des actionnaires spoliés, évincés et muets. Regardez les chiffres ! Ils sont ahurissants. Il a finalement réussi à prendre la vaste majorité du contrôle du capital de Fannie Mae et de Freddie Mac à une valorisation de quelques centaines de millions d'euros alors que la première capitalisait 39 milliards de dollars en début d'année, et encore plus de 3 milliards vendredi avant l'annonce, et 23 milliards et 7 milliards de dollars pour la deuxième ! En injectant finalement très peu d'argent. Quelques milliards de dollars. Le risque est certes immense pour le Trésor américain en cas d'échec (il se chiffre en centaines de milliards de dollars), mais la simple garantie de l'État a instantanément fait flamber la valeur réelle des deux sociétés. Dans trois ans, le gouvernement privatisera à nouveau les vestiges des deux agences. Je parie qu'il fera alors un énorme profit. Paulson est un financier. Il a une âme de trader. Il a peut-être réussi le coup de la décennie. Et fait mentir ses contradicteurs en " nationalisant les profits après avoir privatisé les pertes ".
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