« Le défi écologique n'est le monopole d'aucun parti »

Le rapport Rocard suggérait d'étaler les compensations selon les revenus des ménages assujettis à la taxe carbone. Pourquoi cette piste n'a-t-elle pas été retenue ?La taxe carbone, j'assume ce terme de taxe carbone, est une transformation de la fiscalité et pas une augmentation de la fiscalité. Ce qui correspond à nos engagements. Dans ce cadre, la compensation doit être simple et claire. Le véritable critère qui doit être pris en compte, c'est de savoir si chaque citoyen dispose de transports collectifs pour éviter d'avoir à prendre sa voiture. Le critère urbain-rural est le plus pertinent, le plus lisible. Nous avons donc pris en compte la situation de famille et le domicile.Vous avez entendu les critiques de l'opposition, qui parle d'un impôt « régional » puisque la restitution sera faite avant le scrutin de mars ?À partir de quand on paye ses impôts ? À partir du premier tiers. Quand paye-t-on le premier tiers ? Dès février. Et cela depuis des années, élections ou pas. Quand les socialistes sont d'accord avec une idée, et que Nicolas Sarkozy la met en ?uvre, ils cherchent par tous les moyens à s'en démarquer. C'était déjà vrai pour la suppression de la publicité sur France Télévisions. Nous avons eu des débats de même nature quand on a mis en place le bonus-malus automobile. Et dix-huit mois après, celui qui paye son malus le veut bien. Et ce n'est pas 2 % du marché automobile qui a bougé, mais 52 %. Les constructeurs ont modifié leur offre et les consommateurs leurs comportements d'achat. Cela montre bien que la fiscalité est le meilleur levier pour changer les comportements. L'UMP va s'engager dans la pédagogie autour de la mise en place de la taxe, avec le lancement à un million d'exemplaires d'un document à l'intention de nos fédérations.On a vu des réserves chez certains ténors de l'UMP, Jean-François Copé avertissant que les députés ne voteraient pas en fermant les yeux. Avez-vous encore des inquiétudes sur le parcours législatif de la taxe ?Il y a eu des débats, c'est logique. On est sur une vraie révolution fiscale et écologique. Mais après le temps des débats, il y a le temps des arbitrages. Sur l'argument qui consiste à refuser la restitution pour financer des investissements verts avec la taxe, je rappelle que ces investissements sont déjà financés par le Grenelle de l'environnement et même le plan de relance. Si on veut changer les comportements, il faut que les gens aient conscience que ce n'est pas pour faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État.Peut-on dire que cette taxe carbone est le premier acte idéologique d'une deuxième phase du quinquennat qui commencera avec les régionales et s'achèvera avec la présidentielle de 2012 ?On est en train de traverser la crise économique, même si les symptômes ne sont pas tous derrière nous. Je pense notamment à l'emploi. Mais la crise écologique est toujours devant nous et ce défi n'est le monopole d'aucun parti politique. Quant à l'ouverture, elle n'est pas seulement politique, c'est aussi une ouverture à l'ensemble des sujets et l'ouverture à tous. Voilà la logique.En parlant d'ouverture, on a retenu ces derniers jours les déclarations de Jean-François Copé mais aussi celles d'un élu UMP de Paris, Pierre-Yves Bournazel, en faveur d'alliances électorales avec les écologistes. Cela vous paraît réaliste ?Les Français s'intéressent davantage à qui est crédible en matière d'écologie. Nous le sommes quand les socialistes renient leurs engagements. D'autre part, en politique, il ne faut jamais se tromper. Il faut parler aux électeurs. Les discussions d'état-major ne passionnent pas les Français, ce en quoi ils ont parfaitement raison.Quelle est votre réaction sur les propos de Brice Hortefeux au campus de l'UMP ?Il n'y a jamais eu de propos déplacés. La gauche a voulu exploiter cela en faisant une manipulation politique mais ce n'est pas parce qu'ils n'ont rien à dire, et ont voulu faire diversion, qu'ils doivent lancer un débat politique, qui mérite mieux que ce buzz médiatique.Quelle est votre analyse de la situation au PS ?Je suis effaré. Je pensais qu'ils en avaient fini avec ces soubresauts liés à l'élection de la première secrétaire. J'avais bien conscience que, sur La Rochelle, il y avait une unité de façade sur une question, les primaires, qui, pour moi, est totalement secondaire aux yeux des Français. D'ailleurs, le fameux livre sur les élections internes au PS a tué l'idée des primaires. Et je vois qu'ils sont en permanence tournés vers leurs querelles internes, qu'ils ont du mal à s'en sortir. Dans le débat politique, une opposition qui s'oppose et qui propose a du sens mais visiblement ils sont à des années-lumière de cela. Je me mets à la place des militants et des électeurs socialistes qui se disent aujourd'hui qu'ils ont un parti qui n'apporte plus le début du commencement d'une réponse à quoi que ce soit. Et c'est gravissime. nLa fiscalité est le meilleur levier pour changer les comportements.
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