Les banques aidées

La concurrence redevient féroce entre les banques. La crise financière étant passée, les établissements bancaires ont besoin de se refaire une santé. Les banques secourues par les États, voire nationalisées, ont encore plus l'obligation de reconquérir leurs parts de marché. Pour redorer leur blason, certaines adoptent des pratiques commerciales agressives en s'appuyant sur les fonds publics qu'elles ont reçus, ce qui ne manque pas d'agacer leurs concurrents. La semaine passée, la Commission européenne a reconnu avoir reçu plusieurs plaintes à l'encontre d'ING. Les abus dénoncés proviennent des métiers de banque de réseau qu'ING exerce aux Pays-Bas et en Belgique. Des concurrents rapportent aussi que la banque nationalisée à l'automne 2008 casse aussi les prix dans les métiers de financements structurés (projet, aéronautique, naval, acquisition). Bruxelles reconnaît par ailleurs avoir reçu d'autres plaintes à l'encontre des pratiques commerciales de banques aidées par les gouvernements, sans toutefois révéler leur nom.Mais dans le marché, les concurrents n'hésitent pas à pointer du doigt ces « mauvais élèves ». En dehors d'ING, le nom de Royal Bank of Scotland, détenue à 84 % par l'État, revient très régulièrement. Dans ses métiers historiques de financement, la banque britannique reste agressive sur son marché domestique. Surtout, elle le redevient en Europe mais aussi aux États-Unis, selon plusieurs banquiers new yorkais. « C'est comme si rien ne s'était passé », soupire un concurrent. D'autres dénoncent souvent les banques régionales allemandes comme WestLB, dans les financements structurés. Ce métier concentre d'autant plus l'agressivité commerciale qu'il consomme désormais relativement moins de fonds propres que les activités de marché. Pour autant, « certaines banques ne prennent pas en compte le coût élevé du refinancement dans les prix qu'elles proposent. Elles financent ainsi à perte » déplore un dirigeant d'une banque d'investissement française.règles contraignantesCe « dumping » pose à nouveau le problème de la concurrence en Europe, dans la mesure où ces banques utilisent les fonds publics pour se refaire une santé. Une situation d'autant plus paradoxale qu'elles agissent ainsi pour augmenter leurs bénéfices afin, justement, de rembourser l'État au plus tôt. Pourtant, les banques bénéficiant d'aides publiques sont astreintes par Bruxelles à des règles contraignantes. Par exemple, ING s'est engagé à ne pas offrir les meilleurs prix dans certains marchés. De son côté, RBS n'a pas le droit d'être au-dessus du 5e rang international dans les activités de dette jusqu'en 2012 compris. Toutefois, avec la mise en place progressive des nouvelles contraintes prudentielles, ces pratiques vont être difficilement tenables. À moins de remettre encore une fois en péril le système financier.
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